Un homme d’âge avancé aime une jeune fille qui ne l’aime pas, et est aimé d’une femme d’âge avancé qu’il n’aime pas. C’est toute la dureté de la vie qui transparaît dans Celles qu’on prend dans ses bras : pour la passion, la jeunesse prime sur le reste ; ceux qui ont raté le train n’ont plus qu’à se résigner. C’est aussi toute la cruauté égoïste de l’égoïste qui se confesse à celle qu’il n’aime pas, mais dont il sait qu’il l’aime, à la fois par mépris et par cruauté, qu’il ne tolère pendant des années que comme réceptacle de ses confidences, et qui choisit d’accepter simplement la semi-prostitution de la jeune fille, donc la non-réciprocité de ses sentiments.
C’est cette vieille femme, qui, probablement frustrée de n’avoir pas connu la maternité, concentre sur un même homme cet amour maternel et l’amour d’une amante, n’acceptant jamais de se déclarer officiellement par peur de perdre cette proximité privilégiée, mais que le venin de la frustration amènera à trahir l’homme en révélant ses propos intimes.
C’est cette jeune fille qui oppose à son vieux prétendant tout le mépris qu’elle porte au corps défraîchi, mais qui se donnera sans hésiter pour le remercier de l’introduire auprès d’un haut fonctionnaire pour tirer son père d’une affaire délicate.
Tout en nuance, en dualité, encore une fois avec Montherlant, une pénétration psychologique profonde.