Eh bien je dois admettre qu’il s’agit là d’une des nouvelles de Lovecraft où l’horreur est la plus efficace et terrifiante, où elle est le plus vivace. On est happé dès les premiers instants avec cette mort pour la moins étrange et intrigante, le récit à la troisième personne comme donne un certain recul avec le personnage de Blake, donnant un peu l’aspect d’un fait divers dans un journal, et pourtant chaque élément est tout aussi horrifiant que si on s’y trouvait nous-même. La peur du noir et de l’inconnu y est prépondérante, mais il y a aussi ce côté de l’étrangeté insaisissable, comment le surnaturel surgit au milieu du réel.
Cela se représente surtout par l’utilisation géographique des lieux par Lovecraft pour son histoire, où le paysage revêt toute son importance : apercevoir au loin cette église menaçante, dont on distingue parfaitement la silhouette envoutante dans le texte, et puis quand on s’enfonce peu à peu dans le dédale des rues jusqu’à ce qu’elle surgisse sous un jour nouveau. La suite ne fera que nous emmener plus loin dans l’horreur, où chaque nouvelle étape se révèle de plus en plus oppressante et inquiétante, jusqu’à en devenir obsessionnel pour le personnage. On y retrouve une trame narrative proche de ces peurs enfantines face à une menace qui nous terrifie et qu’on espère pouvoir repousser avec l’aide des autres.
C’est très viscéral et la conclusion est magnifiquement amenée, puisqu’après cette lente progression dans la tension horrifique, on sent comme une force libératrice. La tension retombe, la vie reprend son cours, mais quelque chose d’inexpliqué demeure pour le grand public ; sauf lorsqu’on connaît l’univers de Lovecraft et qu’on réalise ce qu’on vient d’observer. Les derniers mots de Blake en deviennent tout aussi terrifiants, mais plutôt sur l’ouverture que ça donne et la nouvelle grille de lecture pour le récit lui-même.
Bref, j’ai beaucoup apprécié cette nouvelle ! Sans doute une de mes préférées de Lovecraft, pour le moment. J’ai vraiment adoré l’atmosphère qu’il y a développé et comment il réussit à jouer avec l’horreur sur différents niveaux.