Le caporal Lucien Guyader, surnommé Lulu, disparaît alors que son équipe s’apprêtait à partir en mission. Une disparition qui inquiète ses camarades car Lulu s’est toujours montré d’une grande fiabilité. Surpris par cette désertion inattendue, quatre de ses amis et co-équipiers vont se mettre à sa recherche. Mais cette quête va faire remonter un certain nombre de traumatismes et de secrets.
Ils sont quatre à partir sur les traces de Lulu. Quatre avec leur histoire, leurs failles, leurs blessures. Jean Michelin, lui-même lieutenant-colonel dans l’Armée de Terre, dispose de cette expérience du terrain, de la fraternité entre soldats et des séquelles que laissent certaines expériences. Et il réussit parfaitement à retranscrire tout cela dans les personnages qu’il met en scène ici.
Dans un récit très pudique et sensible, l’auteur nous fait toucher du doigt une certaine fragilité humaine qu’elle soit du côté des militaires qui doivent composer avec des traumatismes souvent lourds ou du côté des familles confrontées à l’attente, à la peur, parfois au deuil.
Le roman est émaillé de non-dits qui trouvent des réponses au fil de l’histoire. Si on comprend rapidement que la clé de la disparition de Lulu réside dans la mort en mission d’un des leurs, il faut attendre que tous les fils du récit se rejoignent pour tisser le canevas complet et comprendre toutes les implications de ce décès. C’est assez habilement mené pour que le lecteur fasse la découverte en même temps que les quatre hommes partis à la recherche de leur compagnon.
Jean Michelin analyse aussi avec finesse la manière dont les mois d’attente agissent au sein des familles, celles qui restent à l’arrière, qui doivent vivre sans toujours savoir où sont ceux qu’elles aiment et à quoi ils sont confrontés. Il expose aussi avec beaucoup de vérité la difficulté pour les militaires du retour chez eux, dans un environnement protégé, loin du terrain et de l’action. Cela met bien en lumière la distance qui peut ainsi s’installer entre deux mondes parallèles qui ont du mal à se retrouver sur un terrain commun d’amour ou d’amitié.