Malgré toutes les qualités d’un auteur, que je lis toujours avec grand plaisir, dont j’achète les derniers romans, je ne suis vraiment pas fan des nouvelles. Ici, c’est Karine Giebel. Je ne vais pas écrire que les nouvelles sont mauvaises, loin de là, car ce n’est pas le cas. La nouvelle est tout de même un art difficile. Il faut faire passer un message en un minimum de pages. Sur toutes, le message passe, loin de là. Mais à chaque fois, c’est un changement d’ambiance, et pas forcément celui à laquelle l’auteur, la romancière nous habitue à chaque fois, dans ces romans psychologiques, noirs.
La pandémie est aussi passée par là. On la retrouve avec cette vieille dame, dans un Ehpad. Elle aurait voulu laisser une trace de ce qu’elle a fait lorsqu’elle était plus jeune. Toutes ces personnages âgées, victimes de la Covid-19, qui l’attrapent, qui ne sont pas soignées, qui meurent ou que l’on aide à mourir, cela fait froid dans le dos. Mais Karine Giebel agrémente sa nouvelle du passé de cette vieille dame qui a vécu la guerre, la Résistance, qui a été déportée. Cela fait froid dans le dos.
Pour la première, j’ai retrouvé le style de la romancière avec un héros qui doit faire face à sa violence, suite à un passé extrêmement douloureux. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Au lecteur de finir les dernières lignes pour comprendre.
Des personnages écorchés, des personnages qui souffrent, des personnages que l’on peut connaître ou rencontrer, comme ce SDF, accompagné de son chien. Avec Karine Giebel, tout prend une réelle dimension humaine, comme cette nouvelle sur les migrants. Ce n’est pas nouveau, certes, mais un rappel est toujours indispensable surtout lorsque ces personnes ont connu la guerre, ont fuit leur propre pays car elles ont tout perdu, même leur famille.
L’auteur a nommé ses nouvelles suivant des titres de films. Elle a réussi à donner une autre dimension à un titre. Ses nouvelles sont un plaidoyer pour les femmes, contre les injustices humaines, contre tous ceux qui s’enrichissent sur le dos des êtres humains. Critique, également, sur tous ces gouvernants, sur une crise sanitaire mal gérée avec tout et son contraire. Critique également envers ces pays qui n’hésitent pas à tuer à cause de coutumes ancestrales qui ne donnent aucune place aux femmes.
Karine Giebel, avec son éditeur, réédite trois nouvelles parues pour 13 à table et une au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. Elle a été écrite pendant le confinement.
Je ne sors pas déçue de ma lecture, mais il me tarde vraiment de retrouver Karine Giebel dans tout son art. Je sais que son dernier roman n’a pas forcément plu car très dérangeant, mais outre la violence physique, psychologique dans ce couple, je veux retrouver, de nouveau, de telles ambiances. Je veux être bousculée, dérangée.