Veni, Vidi, Jancovici

Le bouquin écolo le plus pertinent que j'ai lu à ce jour. Car il ne s'agit pas d'écologie émotionnelle, mais rationnelle, étudiée, planifiée. Pour limiter la casse, il faudra faire des choix qui ne plairont pas aux idéalistes, mais qui s'imposent par les chiffres. Petit résumé des principales idées :

1) Refaire de toute urgence l'isolation des bâtiments, minable à l'heure actuelle, car le chauffage représente 40% de nos dépenses énergétiques. Les économies réalisées seraient telles que les travaux seraient amortis en une ou deux décennies.

2) Rendre obligatoire les dispositifs de capture du CO2 sur les centrales à charbon, qui produisent 80% de l'électricité mondiale et un tiers des gaz à effet de serre. Pourtant, on en parle jamais, au point que les gens ignorent que c'est la source d'énergie dominante... Et du charbon, on en a largement assez pour rendre l'atmosphère irrespirable. Contrairement au pétrole, en train de s'épuiser à vitesse grand V, mais qui sert à dissimuler le problème du charbon dans les médias.

3) Développer le nucléaire, qui est en amélioration permanente en matière de rendement, sécurité et traitement des déchets. Un sujet qui fait grincer des dents. Pourtant, comme le souligne l'auteur, les usines chimiques ont fait infiniement plus de morts et de victimes que les centrale nucléaires ; remet-on cependant en question l'industrie chimique ? Mieux vaut avoir la possibilité de stocker les déchets, que de les rejeter de façon certaine dans l'atmosphère. Taper sur le nucléaire revient fatalement à développer encore un peu plus le charbon, ce que se gardent bien de dire nos amis allemands, bêtement fiers de leur récente sortie du nucléaire.

4) En énergies alternatives, les panneaux solaires et les éoliennes ne sont hélas (pour l'instant) que de la poudre au yeux. Ils n'amortissent pas la pollution qu'il faut pour les construire, et fonctionnent par intermittence, ce qui les rend de toute façon dépendants d'une autre source d'énergie (charbon ou nucléaire). Une voie plus intéressante serait le "solaire thermodynamique" : utiliser le solaire pour chauffer partiellement l'eau d'une centrale thermique. Moins polluant à la fabrication, et moins intermittent, l'inertie thermique aidant.

5) Taxer progressivement les énergies fossiles, et investir l'argent récupéré dans les points précédents. Si nous ne le faisons pas, elles seront de toute manière "taxée" de façon très violente par leur rarification, et les bénéfices iront aux émirs du pétrole plutôt qu'au développement durable. Mieux vaut s'adapter progressivement que de subir une adaptation brutale et forcée.

6) Remplacer la viande bovine (boeuf, porc...) par de la volaille dans notre alimentation, l'élevage de volaille étant dix fois moins poulluant que l'élevage bovin. Ca tombe bien : c'est également meilleur pour la santé (les sportifs le savent). La viande bovine est la plus fatigante à digérer, et celle qui dégrade le plus l'estomac, là où le poulet est pauvre en graisses.

Ajoutons pour conclure que la France a les bases pour devenir un leader mondial dans tous ces domaines. Ce qui lui assurera une place de choix lorsque les pays récalcitrants seront obligés de s'adapter. Le nucléaire (qu'on soit pour ou contre) montre que la France peut mener de grands projets industriels quand elle s'en donne les moyens. Qu'attendons-nous ?