Voici un livre que j'ai trouvé particulièrement bienveillant à mon égard.
Je me suis en effet retrouvé par le passé dans plusieurs des situations évoquées par Mona Chollet et souvent en proie au jugement des autres : être en couple mais préférer habiter seule, installer un lit à une place pour ne pas partager mon sommeil, rester dans mon appartement alors que le monde extérieur déborde d'activités, ou lorsqu'il fait beau dehors, ou encore récemment, me payer le luxe de la sieste et de la rêverie dans mon cocon quand j'étais au chômage et que tout autour de moi m'incitait à retrouver au plus vite le salariat et donc l’espace extérieur.
Appréhender un espace souvent réduit, de façon solitaire, m'a ainsi souvent aidé à appréhender le temps qui s'écoulait, non sans un certain égocentrisme, mais toujours avec la nécessité de me ressourcer. Je crois pouvoir dire que jamais je ne me suis ennuyée dans mon appartement, en ma propre compagnie. Du désœuvrement, peut-être, mais de l’ennui, celui qui angoisse et déprime, non. L'appartement est pour moi l’endroit idéal pour me couper des agressions et développer mon imaginaire.
Je retrouve dans l’évocation de la chambre d’étudiante de Chantal Thomas l’émerveillement que j’ai éprouvé en entrant en cité universitaire, où, malgré les locaux insalubres, j’étais pleinement chez moi, sans intrusion parentale ou fraternelle, libre d’organiser mon temps, mes repas selon mon bon vouloir ! Même émerveillement le jour où j’ai emménagé seule après ma première rupture, ébahie par la liberté de choix de mon mobilier, de l’agencement, de la décoration, de la vaisselle et des rideaux !
J'ai apprécié également son évocation de la difficulté de déconnecté de ces alertes et ces sollicitations virtuelles qui s'imposent dans nos intérieurs par le biais de nos écrans. Il m'est de plus en plus difficile de ne pas triporter mon téléphone lorsque j'ai quelques minutes d'inactivité, et je me souviens ces longues minutes de pause complètes dans mon enfance sans doudou numérique, à scruter le mur en attendant de trouver quelque chose pour m'occuper.
Sans plus faire l'apologie du vivre seule = vivre libre, j'ai aimé faire ce retour en arrière, le temps d'une lecture.
Concernant le retour au foyer, je suis nuancée sur le propos de Mona Chollet qui tance les blogueuses "mode de vie et design" qui, selon elle jettent de la poudre aux yeux des consommatrices en mal d'inspiration avec leurs intérieurs et leurs vies de famille parfaite, et qui seraient inatteignables pour le commun des femmes.
Mais j'aime son propos dans le sens où elle met en exergue mes propres contradictions : mon côté casanier se verrait bien en femme au foyer, débarrassée des contingences matérielles par la grâce du revenu universel, qui me donnerait les moyens d’organiser mon temps de travail sans pénaliser mon nécessaire temps de repos, mais sans les injonctions qui vont forcément de pair avec ce statut, encore considéré comme improductif et anti-féministe.