Club lecteurs - Médiathèque de Villepinte - Avis de Karim Ounadjela
Il ne s’agit pas d’une autobiographie au sens strict du terme, ce n’est pas structuré comme tel, c’est plutôt une compilation d’événements, de situations, de portraits. Il n’y a pas d’ordre précis. Les souvenirs fusent au détour de la discussion. Auster se regarde. Il regarde son corps vieillissant, support des douleurs et des joies d’une vie aujourd’hui derrière lui. Il approche des 65 ans au moment où il rédige son livre.
Anecdotes sur ses passages et séjours en France. Rencontre avec sa femme, l’écrivain Siri Hustvedt. Catalogue de ses différentes adresses, de ses voyages à travers les Etats-Unis. Souvenirs d’avec sa mère. Souvenirs d’avec son père. Souvenirs d’avec les femmes qu’il a pu rencontrer, aimer ou partager le lit.
Cette conversation où le « tu » est dominant nous laisse spectateur et sublime le côté intimiste. Déclaration d’amour à sa femme, à sa mère, à la vie. Instants tragiques, comme ce jour où suite au décès de sa mère une violente crise d’angoisse le cloue au sol, ou cet accident de voiture qui aurait pu tourner au drame.
« Tu as soixante-quatre ans. Dehors l’air est gris, presque blanc, pas de soleil en vue. Tu te demandes : combien de matins reste-t-il ? »
Lucide, il évoque ses faux-semblants, son penchant pour l’alcool, la cigarette, ce corps qui lâche. Pour partager cette intimité avec l’auteur, il faut être proche de ses premiers écrits, notamment L’invention de la solitude, premier récit intimiste et élément fondateur de son œuvre littéraire.
A lire également ce long entretien avec François Busnel (Magazine Lire, La grande librairie) réalisé à la sortie française de l’ouvrage : http://www.lexpress.fr/culture/livre/paul-auster-tout-commence-avec-le-corps_1224572.html
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