Désolée d'avance pour le côté un peu fouillis de cette chronique, mais voilà un roman bien dérangeant, sur lequel j'ai encore du mal à me faire un avis tranché. En le refermant, je me suis dit "mouai... bof...". Et puis, je me suis attelée à l'écriture de ce post, et après cette petite analyse mon avis est un peu plus positif.
Pour tuer le temps au travail, Sonia traîne son ennui sur les forums littéraires. Un jour, elle reçoit un message privé d'un certain Knut Hausmann, qui lui propose un marché : en échange d'une photo d'elle, il volera les livres qui lui font envie et les lui enverra. Intriguée, Sonia accepte. L'échange se met en place, les colis se font de plus en plus imposants. En parallèle, Knut et Sonia commencent une correspondance toujours plus exigeante, par mails puis par lettres. Leur marché prend peu à peu une ampleur qui dépasse Sonia. Elle tente mollement de s'éloigner de ce mystérieux Knut, mais finit toujours par céder à cet être étrange, aux mœurs bien particulières, qui tantôt la dégoûte et l'épuise, tantôt l'attire. Ce qui a commencé comme un "simple" marché prend un chemin de plus en plus malsain, où Knut révèle sa nature manipulatrice et maniaque, renforçant son emprise sur Sonia, s’immisçant toujours plus dans sa vie.
Une idée plutôt originale pour nous faire réfléchir sur les relations amoureuses virtuelles, mais également à notre rapport à la consommation et à la convoitise. "Tu le veux? je le vole et je te le donne" propose Knut à Sonia. Sans contrepartie financière (sauf les frais de port). Sans "cadeaux" en retour, si ce n'est une simple photo d'elle. Mais cet échange est-il pour autant gratuit? Fasciné par Sonia, Knut semble vouloir en faire sa "chose", sa créature, la modelant au gré de ses exigences. Non content de lui imposer ses goûts littéraires et de la former intellectuellement, il s'attelle également à son apparence, jusqu'au plus près de son intimité : aux livres s'ajoutent d'abord des parfums, qu'il lui demande de porter. Viennent ensuite des vêtements, puis des sous-vêtements et des chaussures. Toujours volés par ses soins. Persuadé que la jeune femme possède un certain talent littéraire, il lui enjoint d'écrire un livre, proposant d'être son mécène. L'échange intellectuel laisse place à une relation virtuelle érotique empreinte de fétichisme, mais terriblement froide, dans laquelle Sonia se perd : à la fois dépendante et lassée de cette relation, elle ne parvient pourtant pas vraiment à y mettre un terme.
J'ai eu beaucoup de mal à "rentrer" dans ce roman, et un peu près autant de mal à écrire à son sujet. Aussi bien en le lisant qu'en rédigeant cette note, j'avais l'impression que quelque chose m'échappait et que je n'avais peut-être pas tout saisi... C'est un peu frustrant. Il y règne constamment une atmosphère de malaise, très pesante, ce qui n'est pas pour me déplaire. Les deux personnages, de vrais anti-héros, sont aussi agaçants l'un que l'autre, mais au final je dois avouer avoir adoré les détester et pester contre leurs réactions parfois aberrantes. Mais j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, et certaines situations, trop répétitives, m'ont donné l'impression que l'intrigue tournait un peu en rond, me laissant un sentiment d'ennui. Au final, une lecture pas désagréable mais qui ne m'aura pas non plus emballée. Je m'arrête là, car j'ai l'impression que moi aussi je commence à tourner en rond :)
https://pointplume.blogspot.ch/2017/06/cicatrice-sara-mesa.html