Préambule : Les paragraphes en italiques sont tout simplement une démonstration de réflexions capillotractées qui m'ont été inspirées par ce nouveau roman, vous pouvez, si vous le désirez, sauter ces paragraphes, mais se serait beaucoup moins instructif.
Victor Dixen nous embarque dans son nouveau roman, non pas sur Mars, mais sur une super île i-tech, 100% construite à l'aide de robots, qui se laisse dériver dans l'océan Atlantique dans les eaux internationales. L'intrigue se situe plusieurs années après que les explorateurs de l'espace aient rejoint Mars (Phobos), exit le speed-dating, open l'intelligence artificielle super développée, mais pour moi ce fut exit le speed tout court et open l'ennuie.
Serai-je moins sensible à ce qui pourrait se passer dans quelques décennies, ou plutôt quelques années au rythme où ça va, et préfère l'éternel rêve de l'Homme de conquérir l'espace ? Ou seulement, me suis-je bien moins attachée à ces nouveaux personnages que ceux rencontrés à bord de la navette spatiale ? Les générations se succèdent, les comportements changent, et on arrive maintenant sur une nouvelle génération que je n'ai pas envie que mes enfants deviennent, mais vais-je avoir le choix ? Serais-je une affranchie dans l'âme ? Pas tout à fait. J'ai un portable, une montre connectée (ouh, j'entends déjà des dents grincées, de toute façon on sait déjà tout de nous, alors un peu plus ou moins, c'est difficile de passer entre les mailles du filet, et puis c'est vrai que cette petite chose à son poignet c'est tellement pratique : lire ses messages en réunion sans devoir sortir son portable, on ne sait jamais c'est peut être important ! non, ça ne l'est jamais, je sais).
Cogito où il manque volontairement Ergo sum (je pense donc je suis), du célèbre philosophe Descartes - vos cours de philo sont loin, moi aussi rassurez-vous - est donc un roman, où on nous fait croire que les robots ne pensent pas donc ne sont pas, mais en fait, pensent-ils vraiment ? et donc sont-ils vraiment ? Je vous perds, moi aussi. Surtout si on se réfère à la version 1.0 qui était en réalité "ego sum, ego existo" (je suis, j'existe), exit cette fois la notion de penser qui n'apparut que 3 ans plus tard. Mais que voulez-vous, la technologie évolue tellement vite même en 1641, alors c'est normal que même les plus grands philosophes en perdent leur latin ; vous, vous ne l'avez pas appris et pour ceux qui, comme moi, avaient cours de latin au collège, à part : rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, c'est déjà le bout du bout de mes six doigts, j'utilise les autres pour taper sur mon clavier, pas facile, je vous le conçois.
Le monde de Cogito est donc devenu un monde où les robots dominent en tout, ce qui fait que les riches sont encore plus riches parce qu'il les fabriquent (ou plus exactement, leurs propres robots les fabriquent), ou les vendent, ou les programment, ou les développent, et les pauvres sont encore plus pauvres, parce qu'ils ont été remplacés par ces machines et qu'ils n'ont plus de travail, à part … ben presque rien. Du coup, la scission est irréversible, et ceux qui refusent ce monde, ont déserté et créé un monde où le robotisme est totalement banni, ce sont les affranchis. Humm, c'est étrange, quand même que ce thème revienne deux fois en moins de cinq mois dans deux romans différents (Nous sommes l'étincelle de Vincent Villeminot), l'utopie est sans doute à la mode en cette année 2019. Comme si les prédictions d'un avenir pourri auraient déjà échappé aux différentes générations. Ah c'était le bon temps !!!! Le bon temps par rapport à quoi ou à qui ? Les marginaux sont-ils plus nombreux ou moins nombreux qu'avant, et comment sont-ils définis de nos jours. Dois-je être qualifiée de marginale, même si je possède une montre connectée, mais parce que je n'ai pas de compte Facebook, Twitter ni Instagram ? Oui, j'ai un blog, une adresse mail perso, professionnelle et celle qui concerne ce blog, trois c'est déjà beaucoup. Je ne "like" pas grand chose, sauf sur LinkedIn, cela fait-il de moi quelqu'un qui n'existe pas ? Par ce que j'ai l'impression que dans ce siècle, si on ne like pas, on arrête de penser et donc d'être. Je le dis : je suis, j'existe et je pense, juste pas de la même manière que les autres.
Dans ce monde futuriste, on retrouve Roxanne, la jeune fille paumée, égratignée par la vie, qui est du côté des pauvres et qui surtout n'est pas considérée de part ses difficultés d'apprentissage, et ça même les robots ne donnent pas encore de cours de rattrapage : l'empathie, la diplomatie, le goût d'enseigner, j'espère, ne sera jamais remplacé par des robots. D'un autre côté, lorsque je vois que nos sociétés préfèrent (coupe budgétaire et planning oblige) favoriser maintenant le e-learning pour la formation de nos compétence, je me demande si mes enfants dans moins de dix ans, seront scolarisés à la maison et vont e-learner toute la journée, avec option, connexion aux tablettes, téléphones et télévision, pour pas qu'ils ne soient tentés de rester affaler dans le canapé à s'empiffrer sur Netflix - je connecterai, dans ce cas, mon super réfrigérateur i-tech, pour qu'il ne puisse se déverrouiller qu'aux moment des repas. Exit cette fois les échanges cordiaux ou non avec nos homologues autour d'une table de formation classique, exit les relations humaines et open les relations avec son ordinateur, et après on s'étonne qu'en 2017, un japonais ait épouser son robot humanoïde.
Roxane, va intégrer un stage de remise à niveau éclair, pour devenir super intelligente, et avoir la chance de basculer du monde des pauvres au monde des riches. Je vous le dis tout de suite, oublier Roxane la première épouse d'Alexandre le Grand dont on disait que sa beauté surpassait celle de toutes les femmes de son temps, la plus distinguée, ayant la grâce de la danse et envoute son entourage. Roxane, ici, c'est mode pitbull sans le rap, collier de chien autour du cou, et le premier qui approche, elle le mord, ou presque, parce que dans cet univers qu'elle va découvrir loin de son quartier, loin de son groupe d'amies, il va bien lui falloir trouver sa place. Roxane ne m'a pas séduite, beaucoup trop obtus à mon goût, elle fait des choix qui sont en fait, des non choix, et son évolution n'est pas assez rapide du début à la fin du roman. Son comportement est compréhensible, mais je reproche le fait qu'elle n'est pas été mise en valeur d'une manière différente, cela viendrait-il de la façon dont Victor Dixen a décidé de cloisonner son roman ? Possible, il m'a manqué une partition pour mettre en musique se roman : j'attendais Communication Breackdown et je n'ai eu qu'une pale copie ratée de Dazed and confused (Let's Zeppelin - The complate Studio - 2017). Cela dit, ces adjectifs lui vont parfaitement.
http://exulire.blogspot.com/2019/09/cogito-victor-dixen.html
Heureusement pour nous, Victor Dixen, reste dans le monde réel et on referme son roman en se disant : "Ah, ben, tu vois, c'était sûr depuis le début, c'est pas bien, et heureusement ça n'arrivera jamais", mais en êtes-vous si sûr ? N'est-ce pas tout simplement une mise en garde ?