Comme le feu mêlé d'aromates par Chro
Par Cécile Lignereux
La réédition de cet « essai » écrit en 1969 permet de mieux comprendre les idées et la philosophie qui sous-tendent l'oeuvre de Matzneff, car il réunit dans ses pages toutes ses obsessions : l'Eglise (l'orthodoxie), le libertinage et la contradiction de deux chemins de vie antagonistes - soit Matzneff tiraillé dans toutes les directions possibles, en proie au mal comme au bien, tenté par Dieu comme par le diable... Il n'y a pas, pour lui, d'unicité de l'artiste ; malgré toute la bonne volonté du monde, celui-ci sera toujours voué aux tourments. Est-il possible de toutes façons possible d'écrire lorsque l'on est heureux? Le malheur est, pour Matzneff, consubstantiel à l'écriture. L'artiste est incapable de don ; il ne sait penser qu'à lui, ne peut parler que de lui-même dans ses oeuvres ; comment pourra-t-il, dans ces conditions, faire un pas vers le sacrifice, vers la voie du Seigneur ? Bien sûr, parfois, il aimerait se rapprocher un peu de sa lumière, car lui aussi aspire au Bien... On peut être artiste et aimer Dieu, s'en éloigner pour mieux s'en rapprocher. Le « vrai » disciple de Dieu ne devrait pas être ce vertueux assis sur son « coussin de plumes », écrit-il, imbu de certitudes et qui ne sait questionner l'existence, mais plutôt le pécheur qui se repent du mal qu'il a fait et qui s'ouvre à la religion non par habitude ou par conformisme aveugle mais parce qu'il le fait de son plein gré, la conscience claire. (...)
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