Comment devenir un monstre par Kariboute
Comment devenir un monstre, petit roman pédant d'un type inconnu avec un nom par ailleurs superbe. Jean Barbe (!) entremêle ici l'histoire de deux hommes, Viktor et trucmuche Chevalier, l'un avocat de l'autre, l'autre névrose de l'un.
Avant d'entamer cette critique qui s'annonce palpitante à propos d'un livre qui n'a reçu que quatre notes, j'aimerais que nous jetions un œil aux titres de quelques chapitres.
1. Les étoiles, là-haut
2. Le champion des perdants
3. Le goût de vivre
5. Je me souviens de ma joie
9. Le Festin des morts
10. L'Amour de la guerre
13. Mon fils de sang
Que Faulkner en prenne de la graine : monsieur Barbe est très manifestement un as de l'intitulé.
Le livre n'est globalement pas très bon, mais il a le mérite d'être écrit gros, avec un style limpide. Je pourrais parler des personnages, s'il y en avait vraiment. Car chacun des protagonistes semble, par magie, être doté d'une manière proprement exacte de s'exprimer, du grand frère pacifiste exilé au Rwanda au papa de quinze ans trayant ses deux vaches en passant par la fille de petite vertu aux pupilles langoureuses et aux tailleurs savamment coupés.
Mais Jean Moustache pousse le vice encore plus loin. Jugez par vous-mêmes.
"Oh, Flo ! (...) Quand je t'ai connue, tu rayonnais, tu te gorgeais de la pluie comme du soleil et tu t'ouvrais comme une fleur au perpétuel printemps."
Sans parler de la dernière phrase (ce n'est même pas la peine de crier au spoiler) :
"Car, pour l'amour, oui, j'étais prêt maintenant à me battre."
...
Oh, mon dieu, mon dieu, mon dieu.