"Comment j'ai vidé la maison de mes parents" de Lydia FLEM (Ed Seuil, 2004) fait partie de ces livres 'tranches de vie' que d'aucuns ont besoin d'écrire pour trouver la sortie du labyrinthe de leur vie, tandis que d'autres ont plaisir à les lire pour l'effet miroir que ce genre littéraire opère quasi chaque fois; miroir, heureusement, suffisamment déformant pour pouvoir en sourire.
Lydia FLEM ne renie pas ici sa formation de psychanalyste mais sa plume reste légère sans être mièvre, drôle sans être hors propos. Elle nous introduit à la question fondamentale de l'héritage. Quant des parents nous lèguent des biens, explicitement, ils nous confirment leur envie de nous voir devenir les responsables et propriétaires de ce qu'ils nous donnent. Quand nous héritons, nous devenons brusquement et totalement maîtres de la destinée des biens qui ne nous ont jamais été donnés et que nous n'avons jamais pris. Ils nous tombent dessus avec l'obligation de décider ce que nous en ferons... Dilemme! Garder, jeter, donner ou (pire parfois) vendre?
Peut-on se détacher d'une histoire qui est aussi la nôtre? Car vider la maison de ses parents, c'est partir à leur découverte, apprendre à propos d'eux ce qui jusque là avait été tu. C'est violenter leur silence et, tout en même temps, assurer la solidité de la lignée, redécouvrir nos racines et interroger notre mode de vie, en total décalage, souvent, avec celui de nos parents.
"Comment j'ai vidé la maison de mes parents" est un petit livre qui parlera à certains, probablement de manières très différentes ou qui laissera indifférent... A chaque lecteur de se positionner en fonction des greniers qu'il a déjà ou aura encore à vider.