Comment ne pas tout remettre au lendemain ? par AlienistoRockologue
Comme la plupart de ces « guides pour s’aider soi-même », celui-ci est rédigé par une figure d’autorité dans le domaine concerné qui expose quelques notions théoriques avant d’inciter le lecteur à mettre ses recettes en pratique, le tout restant évidemment ponctué de petits questionnaires d’évaluation.
Après une première partie consacrée à définir la procrastination, et notamment à rappeler que si elle concerne un bon quart de la population, cette tendance n’est pas forcément pathologique ou invalidante, l’auteur en décortique les principaux mécanismes dans une deuxième partie plutôt claire et instructive. On y (ré)apprendra que cette procrastination sert classiquement à échapper à la frustration et à surprotéger l’estime de soi, mais qu’elle constitue également un outil de résistance du registre passif-agressif ou encore une source de stimulation pour amateurs de sensations fortes. Dans tous les cas, ce sont des croyances plus ou moins profondes et souvent irrationnelles qui la favorisent tout en contrariant des comportements plus bénéfiques à long terme.
La troisième partie dévoile un plan de bataille bien fourni à mettre en œuvre lorsque ce comportement devient problématique. Les grands mouvements stratégiques y côtoient des petites astuces toutes aussi précieuses et l’ensemble correspond sur le papier à une bonne thérapie cognitive et comportementale comme on aimerait la voir pratiquée plus souvent dans notre beau pays. Cela commence avec une bonne dose de pédagogie sur la modification du comportement, puis l’accent est mis sur la nécessité d’une phase de bilan durant laquelle seront relevées non seulement les activités reportées mais également celles qui sont utilisées comme des jokers pour encore mieux reporter les précédentes (ex. zut je ne peux pas remplir ma déclaration d’impôts ce soir puisque la vaisselle sale déborde). Le premier domaine à travailler est en général la perception du temps puisque le procrastinateur a tendance à sous-estimer le temps nécessaire à la réalisation d’une tâche, ce qui l’incite d’autant plus à reporter jusqu’à se retrouver au pied du mur. Le deuxième axe de travail consiste à démêler les conflits de motivation. La troisième phase, systématique, doit mener à combattre les pensées dysfonctionnelles en rapport avec la procrastination, souvent après avoir isolé les fameuses distorsions cognitives. Plusieurs astuces et conseils sont par la suite données par l’auteur, notamment : fixer une date précise de démarrage (et non de clôture), interrompre les préliminaires, ne se lancer que 5 minutes à priori, fractionner les obstacles etc. Quelques interventions sur l’environnement sont également recommandées : limiter les sources de distraction, s’engager publiquement, avec quelqu’un etc. Enfin, une dernière partie est consacrée à donner des conseils à ceux qui ne procrastinent pas, mais qui côtoient un procrastinateur.
Il s’agit probablement d’un des ouvrages les plus complets et pratiques sur le sujet. Je le conseille à de nombreux patients, notamment ceux qui peinent à se débarrasser de symptômes dépressifs résiduels.