Un manifeste d'ecologie souverainiste

Clavier QWERTY : veuillez excuser l'absence d'accentuation. Les eventuelles coquilles ne seraient bien sur pas de la responsabilite du clavier.

Il est assez dur de noter cet ouvrage sur 10 ; la forme est perfectible mais la n'est pas vraiment la question. Il n'apporte pas veritablement d'avancee conceptuelle, ou de bouleversement stylistique mais la n'est pas non plus la question. Il s'agit en fait d'un guide pratique/programmatique qui se doit d'etre dans les mains de toute personne ayant une affinite avec l'ecologie, tout en gardant a l'esprit le point de vue souverainiste/localiste structurant l'ouvrage. Il a le triple avantage i) d'etre transversal (il brasse large) ; ii) de proposer des mesures a adopter (parfois tres precises parfois tres vagues ou generales) et iii) d'apporter un chiffrage de plusieurs aspects de la transition (notamment un chiffrage pour passer a du 100% bio/label rouge en France et une proposition de chiffrage pour un bouquet energetique``propre'' en termes d'emissions carbone).

En contraste d'un Piero San Giorgio qui propose des solutions communautaires (et pas individuelles) ayant eventuellement vocation a ``monter'' jusqu'au niveau des Etats nations, Philippe Murer fait des propositions menee par un Etat stratege redynamise (en France traditionnellement l'Etat colbertiste) qui a a l'heure ou j'ecris ces lignes (debut 2021) ses versions les plus abouties en Asie de l'est (notamment en Coree du Sud ou au Japon). Il ne nie pas la necessite d'une cooperation internationale interetatique, mais prone la necessite d'agir prioritairement au niveau local et national (ce qui me parait un principe de bon sens).

Comme evoque ci dessus, le livre est transversal, il est compose de deux parties :

a] La premiere partie (les actions ``simples'' a mener) traite successivement de comment augmenter la duree de vie des produits et leur reparabilite ; de comment passer a une agriculture non chimique ; de comment se passer des energies fossiles.

b] La seconde partie (decouvrir un nouveau chemin) traite de changement de paradigme a plus long terme, a savoir successivement comment passer a une economie circulaire pour faire face notamment a la rarefaction des metaux ; de reduire les pollutions de l'air de l'eau et des sols ; de stopper l'artificialisation des sols ; de proteger la biodiversite ; et enfin, d'aborder quelques sujets qui fachent (libre echange, mode de production capitaliste, articulation entre programme national et cooperation, demographie dans le monde en developpement, etc.).

Le livre se lit relativement bien et vite. Comme il est bien structure on peut vite retomber sur la partie qui nous interesse.

Une fois cela dit voici les quelques critiques et reserves que j'aurais a son egard. Tout d'abord, je suis personnellement suspicieux de la proposition de developper et commercialiser a grande echelle (nationale) l'ecosysteme autour des vehicules a hydrogene, comme propose dans le chapitre 4 (comment se passer des energies fossiles) mais je n'ai pas de competences techniques suffisantes pour trancher sur cette question. Par ailleurs, il faut faire acte de foi car le programme d'ecologie souverainiste ne peut reellement s'appliquer qu'en cas de sortie de l'Union europeenne ou de retour a une Europe des nations sans organe supranational. Peut etre que l'argument ecologique peut ramener a la souverainete nationale les masses (a vrai dire j'ai quelques doutes mais pourquoi pas). Enfin, on peut avoir l'impression que le livre survole certaines thematiques (c'est le revers de la transversalite). Aussi c'est fort dommage de ne pas avoir propose une bibliographie recapitulative a la fin de l'ouvrage des references conseillees par chapitre pour se renseigner plus en avant sur tel ou tel sujet. Pour ne donner que quelques exemples :

a] Concernant les parties ayant trait a l'agriculture, aux pollutions, a l'artificialisation des sols et a la biodiversite Philippe Murer semble conseiller dans le corps de texte de se rediriger vers le "Manifeste pour une agriculture durable" de Claude et Lydia Bourguignon et "Cataclysme ou transition" de Francois Gerlotto.

b] Concernant les parties energetiques, les communications de Jean Marc Jancovici et a son blog.

c] Concernant les parties sur la rarefaction des metaux, l'economie circulaire et la question de la high tech (dans les questions qui fachent) "Quel futur pour les metaux" de Benoit de Guillebon et Philippe Bihouix et "L'age des low tech" de Philippe Bihouix.