Un exercice intéressant
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"Comment tu parles de ton père!" Rien que le titre est déjà une impertinence... Dans ce livre, Joann SFAR se donne les moyens de 'glorifier, sanctifier', le Nom de son père. Pour être correct, par rapport à la quatrième de couverture annonçant le kaddish de l'auteur pour son géniteur, il faudrait que ce dernier soit divin ... Loin s'en faut! "- Je suis un sale type (disait ce père). J'ai fait pleurer entre deux mille et trois mille femmes quand je les quittais." Peut-être un peu vantard, mais certainement pas divin!
N'empêche, tout le livre tourne autour de ce qu'est devenu le fils, Joann SFAR, marqué pour la vie par ce qu'a été le père... Amoureux, pianiste de bordel, générateur de compliments, de réprimandes, de règles, de tristesse et de colère, le tout sur fond musical ou religieux. Bref, un père passablement étouffeur qui, dans le dialogue qu'il entretient post mortem avec son fils au sujet de l'écriture de ce dernier, ne se reconnaît aucune responsabilité et ne laisse que peu d'avenir amoureux à son fils.
"Je m'étais juré, cher papa,de me rattraper sur ta pierre tombale. C'est bref, le texte qu'on peut graver sur une tombe. Et dans ce domaine, le haïku, je ne possède le talent ni de Michel Noir, ni de Michel Onfray, à croire qu'il faille s'appeler Michel pour écrire bref, mais papa, pour toi, j'aurais fait l'effort.
- Papa, laisse-moi m'exprimer!
-Non, mon fils.
Dans la chemise qui contenait tes instructions pour les pompes funèbres, tu as écrit: "Sur ma tombe, je voudrais l'inscription: 'A celui qui futun homme de devoir'."
Papa,, après ce coup-là, ne te plains pas que j'éprouve le besoin d'écrire un livre!
Alors, le lecteur peut lire tout un livre! Il y rencontrera l'humour juif qui fait sourire,parfois, assez souvent même; des moments d'émotion, de regrets et des prises en pitié pour ce fils qui a attendu d'être adulte, orphelin, pour pouvoir être.
Le lecteur appréciera, ou non, ce regard et ce discours décalés du fils pour le père. Mais, qu'en retiendra-t-il? Probablement pas grand chose. Un bon (petit) moment de lecture? C'est à souhaiter.
Quoi qu'il en soit, 2016 sera, heureusement, marqué par d'autres livres plus denses, plus pointus et plus plaisants que ce 'Comment tu parles de ton père'!
Créée
le 27 nov. 2016
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