Du grand art!!
Alain Soral nous livre le résumé de sa pensée. Il va droit au but!!! On adhère ou pas le personnage (perso je ne suis pas d'accord sur tout) mais contre-dire ce livre relève de l'impossible, il faut...
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le 22 mai 2021
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Dix ans après « Comprendre l’Empire - demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations» qui nous expliquait comment la France, décennie après décennie, est passée de de Gaulle à Sarkozy, de « La caméra explore le temps » à Canal+, du PCF au PS puis aux Guignols de l’Info, de l’Histoire majusculaire à des historiens propagandistes, de la Politique aux Agences de communication, de l’Économie à la Finance… « Comprendre l’époque - pourquoi l'égalité ?», le nouvel opus d'Alain Soral, a pour ambition de nous expliquer comment tous les discours et promesses autour de l’Egalité n’ont qu’un but : cacher les inégalités ; dissimuler le mensonge d’une égalité purement formelle au service d’une techno-structure arrogante et sournoise ; celle du nombre et du calcul.
Censure, bannissement, procès, garde à vue, peines d’emprisonnement sursitaires… si la sociologie profonde de l’essayiste Alain Soral en a humilié plus d’un parmi les sociologues d’Etat, ceux de notre pauvre université française (pauvre en moyens, en courage aussi… en particulier dans les dites « sciences humaines » - sociologie et histoire - à ce sujet on pourra se reporter à l’historienne Annie Lacroix-Riz), difficile de ne pas souscrire à ce rappel de l’auteur, en forme d’épigraphe (future épitaphe ?) : « Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris à mes dépens » ; il est vrai que les ennuis commencent lorsqu’on place au centre de ses préoccupations le questionnement suivant : « Qui fait quoi, à qui, où, comment, pourquoi et pour le compte de qui… » mais sûrement pas, cette autre préoccupations, aussi légitime soit-elle : "Quel temps il fera demain ?".
Avec « Comprendre l’Empire » publié en 2011, Soral convoquait à la barre Karl Marx , Engels, Michéa, Orwell, Georges Sorel, Proudhon, Max Weber, Clouscard, les Pères de l’Eglise, Wall Street, la City et la FED...
Avec « Comprendre son époque - pourquoi l'Egalité ?» bien que toujours présent au chevet de Marx, Soral a fait appel à trois "nouvelles références" : Julius Evola, René Guénon et Kant (et puis aussi… mais pour l’heure, ça c’est une surprise : chut !) bien que la bibliographie et l’index proposés mentionnent plus d’une centaine de noms d’auteurs, philosophes, essayistes et des figures de l’Art et de la littérature.
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"Comprendre l'époque - pourquoi l'Egalité ?" s’ouvre sur un premier chapitre qui a pour titre « TRADITION » à propos de laquelle l’auteur n’ignore rien des fausses valeurs et des contradictions à terme insurmontables : d’où, à l’échelle de l’histoire, le succès de sa remise en cause siècle après siècle depuis le 15è siècle.
Tradition puis sa négation qu’est ou serait la Modernité bien que l’on soit tout à fait autorisés à penser que cette Modernité est aussi la continuité de la Tradition par d’autres moyens ; disons le nouveau visage d’une domination par l’exploitation et l’accaparement...
A propos de cette Modernité associée à la remise en cause de la Tradition, Soral nous rappelle que c’est la Bourgeoisie qui devance l’appel avec la Révolution française ; l’épuisement féodal russe - entropie qui ne concerne pas seulement la vapeur de la machine du même nom - lui, mettra un siècle et demi à trouver un nouveau mode de perpétuation dans une régénérescence affichée d’un « Tous derrière le nouveau Monarque communiste d’Etat !».
Plus tard dans le texte, l’opposition Tradition-Modernité (opposition à géométrie variable, modérée selon les périodes, radicale et totale quand « la coupe est pleine » pour les uns comme pour les autres) se verra attribuée deux compagnons de route : l’Inégalité réelle et l’Egalité formelle : transparence contre opacité sournoise ; il sera aussi question d’un autre couple : le « faire travailler » (les autres) propre à la Tradition dans sa version aristocratique (domination dans l'oisiveté) face à l'esprit entrepreneurial qui caractérisera très tôt la Modernité (esprit qu'incarne la Bourgeoisie) ; bourgeoisie pour laquelle la paresse n’est pas une option puisqu’il lui faut chaque jour veiller à la rentabilité du recours à une force de travail indissociable d’une force de production et du retour sur investissement qu’exigent des capitaux mobilisés aux fins d’enrichissement personnel.
Ce n’est pas une surprise : notre essayiste a toujours fait grand cas, à raison, de l’œuvre de Karl Marx, ce bourreau de travail et d’intelligence ; œuvre que l’on pourrait résumer comme suit : étude exhaustive de la Bourgeoisie… de sa naissance à sa domination sans partage ; analyse de ce que cette classe qui jamais ne se repose sur ses lauriers, classe nerveuse et anxieuse, a détruit de la Tradition plus que de l’Ancien régime (régime par avance condamné car empêtré dans des contradictions insurmontables) ; et puis aussi, ce que la Bourgeoisie n’en finit pas de détruire, ce qu’elle n’en finit pas de dé-créer en créant ; classe qui a pour seule dignité sa « quête de l’Art » quand le vide existentielle qui la taraude devient insupportable et que ses fils (leurs filles, elles, n’ont qu’un droit : bien se tenir – comme quoi la Tradition n’est jamais très loin) se décident à « tuer le père » : c'est bien connu, ce sont les fils de la bourgeoisie qui font les révolutions, toutes les révolutions ; dévotion pour l'Art donc, supplément d’âme, quête compensatrice soit en tant que classe « productrice d'objets d'Art» soit en tant que « commanditaire» ; mais cette "dignité dans l'Art" n’aura hélas qu’un temps : dans son travail de sape de l’Art moderne (Picasso ; Marcel Duchamp pour le concept), la tentation étant trop forte (Chassez le naturel, il revient au galop !), c’est l’art contemporain (art comptant-pour-rien – se reporter à la conférence de Franck Lepage) qui viendra compenser ce désir compensatoire mentionné précédemment : art contemporain fossoyeur de l’Art moderne, art roublard, vénal et vorace (producteurs et commanditaires heureux complices dans l’arnaque) des places boursières du monde entier et des fonds de pensions.
Rappelons que l’appât du gain n’a jamais permis à qui que ce soit d’accomplir quoi que ce soit de grand : Bach n’est pas devenu J.S Bach, Pasteur n’est pas devenu Pasteur ou Léonard de Vinci (et combien d’autres ?) avec pour seule ambition : l’argent et la célébrité. Même si depuis le 19è siècle, c’est avéré : les artistes se doivent d'oeuvrer, telle une fatalité, pour les pires de la société s’ils veulent manger à leur faim : les Nantis.
La Bourgeoisie encore avec la littérature... de Balzac, Flaubert, Stendhal… jusqu’à sa phase terminale : « le nouveau roman », littérature de pattes de mouches en la personne de Robbe-Grillet, auteur gentleman-farmer : tweed et Range Rover.
Faut dire que la littérature était déjà morte ; le coup de grâce viendra de Ferdinand Céline (un peu comme pour Marcel Duchamp à propos de l’Art) ou bien plutôt de son expérience de la boucherie de la Grande guerre ; lui qui a très tôt compris toute l’arnaque incommensurable du droit, de la morale, du bien et du mal, mille dualismes destinés à maintenir une domination qui repose sur un environnement binaire, sur deux pattes certes ! mais l’une plus courte que l’autre, bancal donc, dans le cadre d’un manichéisme doublé d’un machiavélisme d’une pauvreté achevée.
Décidément, force est de constater que les enseignements vraiment féconds concernant les grandes catastrophes humaines restent ceux de la Grande Guerre qui a accouché de tous les mouvements intellectuels et artistiques majeurs du 20è siècle.
La Seconde tout aussi mondiale, ouvrira la voie à l'hégémonie culturelle, commerciale et militaire intraitable des USA sur l'Europe et le reste du monde avec le recours des bombardements massifs des populations civiles (Vietnam, Moyen-Orient) inaugurés par l’Allemagne nazi (Guernica, Varsovie) ; nouveau mode de terreur et de soumission (six pieds sous terre) que l'on doit à cette Seconde guerre mondiale, et qui depuis n'a pas cessé de prouver son efficacité : la domination par le chaos et la terreur (Moyen-Orient aux millions de morts et de déplacés).
Tradition et Modernité…
Autre représentation de cette dichotomie (pas si conflictuelle que ça finalement) : le don face à la rapine même si on se doit de garder à l’esprit que… plus on vole et plus les gains sont faciles plus on peut se permettre d’être généreux (pensons aujourd’hui au mécénat et autres Fondations de Multinationales qui ne savent plus comment nous faire oublier qu’elles n’ont qu’un désir : continuer de s’enrichir sans retenue et continuer de ne pas ou de ne plus payer d’impôts).
Age d’or contre l’enfer de la Modernité ? Rappelons qu’il n’y a pas de paradis perdus ( se reporter à l’ouvrage de Claude Lévi-Strauss « Tristes tropiques »), il n’y a que des tentatives de retour, certes inconscientes, à un futur décidément impossible : car on ne se refait pas et ne se refera pas même si l’histoire ne se répète jamais sinon en pire ; grandes catastrophes mais aussi… petites déchéances et dégénérescences, minuscules compromissions ( se reporter au long métrage "Le tambour" de Günter Grass) dont la somme accumule dans la durée une énergie et une force motrices capables de nous rapprocher, aujourd’hui à grands pas, du précipice (modèle de production et de consommation définitivement non soutenable et non-duplicable ou non-universalisable).
A propos de l'idée d'un paradis perdu (genre "Avant, il y a longtemps... c'était mieux, tellement mieux !") on saluera le commentaire suivant de l’auteur : « … le communisme primitif présenté par certains marxistes comme le premier système social et comme égalitaire, est largement fantasmé ».
Les poètes de la philosophie politique aux thèses très fleuries, avec leurs élucubrations de groupies marxistes, comme Francis Cousin (qui n’est pas un cousin éloigné de Marx contrairement à ce que l'on pourrait penser !), grand fabuliste fabulateur, devront maintenant s’attacher à nous parler de ce que Marx a écrit « avoir eu connaissance et avoir compris ».
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Alain Soral voit dans la Grèce antique grosse de l’héritage égyptien, Grèce de Homère et d’Aristote, un « moment d’équilibre entre Tradition et Modernité » : le temporel et l’intemporel, les dieux et la science. Le seul moment d’équilibre dans notre histoire ? C'est à voir ! D’autant plus que cette organisation sociale est aujourd’hui impensable et inconcevable sur un plan moral et pratique, du moins localement car n’oublions pas toutefois que le mondialisme qui sévit aujourd’hui (après la maîtrise des mers, le commerce triangulaire et le monopole commercial anglais puis le colonialisme) c’est aussi et surtout la délocalisation de la sur-exploitation de l’espèce humaine et l’expatriation des moyens de destruction de notre environnement et de ses déchets.
Dualité, antagonisme, immanence et transcendance, loi physique contre la volonté des dieux puis de Dieu, un seul, spiritualité contre matérialisme… entropie contre Big-Bang…
Tradition et Modernité, notons qu’il est encore question d’un couple qui ferait chambre à part mais qui évoluerait dans un même espace puisqu’aucun des deux n’a finalement annihilé l’autre bien qu’aucune de ces deux forces n’ait renoncé à ses ambitions de prééminence ; plus encore, le « concept de Progrès » naissant (chronologiquement dans l’ouvrage de Soral), viendra dans les faits offrir un terrain commun sur lequel Tradition et Modernité pourront à loisir s’affronter mais à fleuret moucheté (car… « Qui n’avance pas recule », tous en conviennent) avant l’arrivée plus tard, bien plus tard, d’une troisième force sous la forme du questionnement suivant : qu’est-ce que le progrès ? Où finit l’innovation... où commence le progrès ? A quel moment ce progrès soumet notre écosystème à l’épuisement puis à terme, l’existence humaine tout entière ?
On peut regretter que l’ouvrage se refuse à mentionner le fait que ces deux systèmes de pensée (Tradition et Modernité) soient et sont porteurs de valeurs qui savent se rencontrer (c’est souvent aussi le cas dans l’Art, dans tous les arts, dans l’habitus de la plupart d’entre nous, dans la recherche de solutions pratiques à propos d’un problème à résoudre) et s’acoquiner ; idem en ce qui concerne cette autre opposition spirituel/temporel … car très vite le spirituel saura s’accommoder du temporel (monde de la production et de l’enrichissement) et le temporel du spirituel (la religion comme mode de contrôle des masses) ; idem à nouveau en ce qui concerne cette recherche effrénée sur fond de contestation d’une vérité à la fois scientifique et historique de l’origine - des origines - de l’homme blanc de préférence.
L’Afrique mettra tout le monde d’accord sur un point : l’homo sapiens sans lequel rien n’est possible, y a vu le jour il y a 300 000 ans dans ce qu'est le Maroc aujourd’hui. C’est un fait incontestable même si Soral semble indiquer qu’il s’agirait d’une affaire d’opinion.
Soit dit en passant, il est vraiment temps d’arrêter de nier des faits avérés sous prétexte qu’ils émanent d’une source appartenant à un camp plutôt qu’à un autre car on pourra toujours se consoler avec un autre fait : aujourd'hui les occasions ne manquent pas de faire le procès du camp dit du "bien", camp de la raison, science du calcul, pillage-exploitation-profits, puis saccages du vivant et de la Raison qui alors s’auto-dévore jusqu’à déraisonner comme on « déraille » - mille contre-sens et mensonges éhontés -, la boucle bouclée.
On pensera au positivisme : science froide comme la viande du même nom, voire glaciale ; aux mathématiques et à la fulgurance d’un outil informatique prométhéen exponentiel aussi car aujourd’hui « plus c’est risqué plus c’est grave et plus c'est irréversible".
Camp du Bien, du souverain Bien - raison, logique et méthode – « La méthode » et "le Vrai… moment du faux", de Guy Debord, pour y déployer toute sa raison et sa logique d’être au monde et de le dominer dans une causalité qui n’admet aucun tiers - celui-ci étant exclu -, le langage se chargera d’universaliser (un «petit universel » géographiquement parlant) une immanence qui aura raison (encore la Raison !) d’une transcendance qui certes est capable de redescendre sur terre de temps à autre mais qui, décidément, peine à optimiser les ressources terrestres potentiellement grosses d’enrichissements colossaux : vraiment, cette transcendance ne fait pas le poids commercialement parlant !
La Modernité sera alors soutenue, encouragée et protégée par cette nouvelle Loi appelée « morale sociale » (pas celle de Kant nécessaire à l’animal qu’est l’être humain pour qu’il le demeure « humain »), ancrée dans les mouroirs industriels du 19è siècle (Dickens, Hugo, Engels et la situation ouvrière anglaise en 1844, Zola, Orwell... ), à la fois brouillard et écran de fumée ; le droit viendra sanctionner tous les manquements à cette morale avec pour conséquence la naissance de deux nouvelles raisons de raisonner : justice-injustice ; égalité-inégalité.
La raison, la science, les mathématiques et le commerce auront été les principaux protagonistes de cette grande affaire qu’est la Modernité qui ne nous quittera plus à partir de 1789 après l’avènement du Christianisme qui a eu raison du polythéisme romain - héritage grec, greffe égyptienne -, et sa version laïque : les Lumières, dès le 17è siècle ; car enfin, ce mouvement des Lumières, balancier de l’Histoire, n’est-il pas l’enfant du Christianisme qui, si l’on s’en tient à la parole de son Messie, relève autant du temporel que de l’intemporel, de l’immanence que de la transcendance ?
L’égalité et le droit ? L’égalité en droit ? Encore faut-il avoir accès à ce droit, avoir le droit au droit avant la possibilité d’une égalité en droit.
Si les Droits de l’homme ont pu servir d’alibi à bon nombre d’expéditions impériales et impérialistes, le Christianisme à une évangélisation à marche forcée (se reporter au long métrage de Werner Herzog "Aguirre ou la colère de Dieu"), à l’extinction de populations entières, la Raison et les Lumières à un colonialisme du glaive et du pillage, on ne gagne rien à s’interdire de préciser, que les Droits de l’homme en particulier ont permis à bon nombre de nos ascendants d’éviter de se faire tirer comme des lapins d’autant plus que si l’on renonce aux Droits de l’homme on aura les camps ; et on les a eus : camps d’URSS, camps nazi, camps chinois, camps cambodgiens et ceux de la CIA, toutes traces effacées ; camps aux espérances de vie que même, un Serf, en son temps, n'aurait certainement pas enviées.
Certes, on n’avait bien le droit d’y croire à ce respect absolu et non-transgressif de la personne humaine ! Il faudra toutefois se contenter d’une multiplication (par 2) des pains ainsi que de notre espérance de vie… par voie de conséquence. On n’a donc pas tout perdu. Tout n’aura pas été vain. Reste à savoir si cela en vaudra encore la peine, toute la peine que l’on a eue à y entrer dans cette Modernité, d’y demeurer mais dans quel état physique et mental, voire… spirituel ?
Bourgeoisie, prolétariat (nouvelle catégorie politique et économique - née de la révolution industrielle -, que l’on doit à Marx) une lutte des classes, classe contre classe, fera très tôt rage. Le prêtre sera mis hors-jeu (l’ouvrage de Soral parle de relégation) en théorie seulement (ce que l’ouvrage oublie de préciser) ; en effet, il lui sera simplement demandé à ce prêtre de bien se tenir à table… puisqu’il ne manquera pas de s’inviter tous les dimanches chez les notables, tout parasite qu’il est, oisif, profiteur et grand flagorneur devant l’Éternel : faut dire que la contribution de la bourgeoisie aux deniers du culte permet la rénovation du clocher.
Le bourgeois et le prêtre donc ( Vous voyez, la Tradition a encore voie au chapitre avec le curé !) ; leur intérêt commun : le contrôle, la tenue en respect, le poids de la soutane sur les âmes chagrines d’une condition humaine d’hommes, de femmes et d’enfants occupés à faire tourner des usines insalubres et des mines de charbon à coups de grisou et de silicose jusque dans les années 50… du 20è siècle.
De Vienne, une nouvelle science dite « science de l’âme » qui, bien évidemment n’aura rien à voir avec La science, la vraie, science dure comme des évidences qui peuvent mille fois être réaffirmées, bouche bée (le silence est d’or, le commentaire… de m…. !), la psychanalyse aura son mot à dire : il sera question de son prochain, de son écoute, en monnaie sonnante et trébuchante, net d’impôts, dans des appartements à grande hauteur de plafond, au parquet en bois massif… et devinez quoi ? Avec la psychanalyse c’est encore la bourgeoisie qui s’occupe de la bourgeoisie, du vide, encore le vide, toujours le vide, qui la taraude, celui creusé par un souci constant du tiroir-caisse, de ce qu’il contient et pourrait contenir encore ; les classes populaires, elles, c'est à noter, n’ont pas le temps de la névrose : il leur faut assumer ce qu’on appelle le « principe de réalité » ; un principe sacrément formateur et accapareur ; on prend vite le pli !
Ce qui demeurera à jamais abject à propos de cette métapsychologie, cette métaphysique immanente et nombriliste, excrément et urine de la charité, c’est l’argent qui y circule, y trempe, y baigne, y règne en maîtresse - Pas d’argent, pas d’écoute ! -, son odeur putrescente ; l’argent donc et la haine de l’acte gratuit, non tarifé, non marchand.
Quiconque se fait grassement payer pour écouter les autres dans l’exclusion de tous ceux pour lesquels il n’aura pas un regard, pas une oreille, devrait être condamné à une surdité définitive, les tympans crevés.
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Dialectique hégélienne dite « mouvement de l’esprit dans sa relation à l’être »… un Hegel incontournable si l’on en croit tous les philosophes européens du 19è siècle à nos jours (ou presque)…
Logique formelle d’un côté, triomphe de la Bourgeoisie qui culmine dans la création d’un Marché mondial comme dernier et unique horizon ; nouvelle religion de cette classe chagrine privée de transcendance que des destructions massives dans le cadre de guerres menées au nom d’une idéologie de la « table rase » accompagneront tout du long, aujourd’hui encore…
La réalité de la Réalité… comme pour les contrats d’assurance, la face cachée de toute escroquerie, on la trouve dans les petites lignes de bas de page que des astérisques qui n’ont l’air de rien tellement ils disent tout, désignent à l’attention du futur signataire déjà « cocu » avant même qu’une infidélité ait été consommée à ses dépens.
Après la logique formelle, évoquons la logique concrète (celle des faits) : l’ouvrage de Soral reconnaît à propos de la « prospérité matériel » de l’Occident, en particulier de ces 70 dernières années, que toute extension planétaire de ce Marché mondial se fera inévitablement au détriment de cette prospérité longtemps marquée au coin non pas du bon sens mais de l’exclusion des deux-tiers de l’humanité à l’exception de ses muscles, de son sang et de son pillage, qu’une sorte de justice immanente pour les uns, les Mathématiques au service des théories économiques pour les autres, sont sur le point de nous faire payer les crimes, sans épargner personne, en particulier ceux d’entre nous qui ne l’ont jamais soupçonné car il faut bien reconnaître que la main qui vous vend ce qu’elle a volé se garde bien de s’afficher recéleuse du vol du bien d’autrui.
Une société du mérite aura aussi sa part à jouer, on nous le rabâchera suffisamment ; le mérite qui a le mérite de récompenser les méritants que le mérite a bien voulu laisser réussir (ou mériter de réussir) car « du mérite » il n’y en aura pas pour tout le monde d’autant plus qu’à chaque jour suffit le méritant. Et lorsque que les méritants surpasseront les capacités du mérite à les reconnaître comme tels, c’est la menace d’une insurrection aussi irraisonnée que déterminée qui verra le jour.
Il faut bien dire que le régime dit de la méritocratie ne fera finalement que confirmer ceux qui, de tout temps n’ont jamais rien dû au mérite puisque tout leur était donné à la naissance sous l’Ancien régime comme sous le Nouveau : le méritant aura eu le plus souvent des ascendants méritants.
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Après la psychanalyse, arrive au galop la sociologie de fonctionnaires qui auront la prétention de tout connaitre, de tout comprendre et de tout expliquer, excepté le « Pouvoir profond » et l’Etat du même nom. Pas folle la guêpe : il faut savoir prendre soin d’une rente de situation ! Une sociologie incapable d’apprendre ou d’enseigner – mais faut-il le préciser ! -, quoi que ce soit de nouveau à une classe en particulier : la classe populaire, les classes populaires ! car cette sociologie, ces classes, elles la vivent tous les jours dans leur chair, dans leur psyché, dans leur géographie, sur les lieux de leur travail, dans leur chambre à coucher, sur le brut de leur feuille de paie, dans leur salon, assis sur un canapé bon marché face à un écran-télé qui n’a de cesse de baver des insanités…
Dommage que l’auteur n’ait pas vu ce paradoxe qui se niche au cœur même de cette discipline : son incapacité à intéresser l’objet même de son étude et à vivre avec ces populations pourtant riches en enseignements de toutes sortes manifestement.
A la lecture de "Comprendre notre époque - pourquoi l'Egalité ?", on pourra à nouveau noter que l’auteur a toujours autant de mal avec les millions de nos compatriotes que l’on identifie sous le vocable « minorités visibles » et avec notre histoire coloniale ; sorte d’angle mort intellectuel là où la raison et une conscience sociale partent en congé, déficience d’ordre principalement émotionnelle persistante, véritable infirmité chronique sous la forme d’une mauvaise volonté ; quant à la constitution d’un savoir que l’auteur aurait pu aller chercher et trouver auprès des intéressés eux-mêmes, il n'en sera pas question ; son obstination qui consiste à prendre pour argent comptant les analyses d'un dénommé Bernard Lugan (grand amateur de Safari et de chasse à l'homme primitif, porte-plume en main) n’arrange rien ; un Bernard Lugan, fils de militaire-gendarme dans nos colonies (circonstances atténuantes ? Irresponsabilité morale accordée ?), prisonnier des défaites de son camp idéologique et de son histoire familiale ( Zemmour partage cette causalité et ses effets). Chez ce Lugan, nulle mention du « génie africain » ; aucune énumération des qualités propres à l’Afrique ; qualités sur lesquelles pourrait s’appuyer ce Continent !
Mais alors, l’Africain serait donc un homme sans qualité, sans destin et son Continent un paillasson, un torche-cul, station-service du moteur industriel et technologique de l’Occident ?
Il est vrai que des millions de nos compatriotes (potentiels lecteurs de Soral ?) sont tout à fait disposés à soutenir l'essayiste dans ce refus qui est le sien de prendre connaissance de la réalité des conditions d'existence de nos minorités ; d'où l'arrogance de Lugan et la complaisance de Soral.
Idem à propos du féminisme.
Aussi, rappelons-le : il existe bien une « condition humaine spécifiquement féminine » propre au fait d’être une femme donc ; nos compatriotes issus de notre histoire coloniale sont bien discriminés et font bien l’objet d’un racisme qui n’a jamais faibli au profit bien évidemment d’une minorité blanche (parce que sinon à quoi bon ?) : logement, travail, opportunités sociales, considération, confort.
Un dernier rappel : c’est le racisme qui a racisé nos minorités et non l’inverse. Issus d’ascendants qui se sont épuisés à être ce que personne n’acceptera qu’ils soient, maintenant lucides, ces minorités ont finalement décidé d’assumer ce regard porté sur eux depuis la crèche et qui les accompagnera jusqu’à la tombe : instrumentalisés, ballotés de tous côtés, adulés puis méprisés, jetés enfin une fois le citron pressé, bien pressé, les soixante dernières années le leur ont prouvé amplement, soit près de trois générations.
Quant à dénoncer l’anti-racisme sans préciser de quel anti-racisme il est question, c’est ignorer l’importance qu’il y a, sur ce sujet, à prendre le temps d'expliquer cet anti-racisme si condamnable, anti-racisme de Tartufe, celui des années 80 et 90, avec sa cohorte d’idiots utiles, qui n’avait qu’un but : instrumentaliser le racisme aux fins de congédier moralement toute une classe que le PS, parti scélérat et abject (1), s’apprêtait à abandonner au chômage, à la précarité et à la concurrence mondiale ; classe qui s’est réfugiée majoritairement dans l’abstention et minoritairement chez Marine le Pen. Refuge qui arrange bien les affaires électorales du Capital et des candidats qu’il promeut.
S’il est bon de rappeler que les salauds et les saints sont de tous les partis, de toutes les causes, autant chez ceux qui ont tort que chez ceux qui ont raison (moralement), il est tout aussi important de préciser que l’on ne trouve jamais de saints chez ceux qui ont moralement et factuellement tort mais bien plutôt des salauds de la pire espèce.
Admettons-le : aujourd’hui il est sacrément facile d’avoir raison ; le mensonge est tellement grossier ; ce qui fait qu’aucun sacrifice ne se justifie ; le sacrifice d’une vérité quelle qu’elle soit ( la vérité de la réalité d’une condition humaine relative à un groupe ou à un individu en particulier) au nom d’un intérêt qui serait jugé supérieur ; le mensonge est tel, que plus aucune vérité n’est à repousser ; même celles que l’on souhaiterait ne pas avoir à entendre ; en particulier, celle qui nous semble étrangère ou bien celle qui nous a longtemps échappé.
Plus on accueille de « vérités » plus on est riche, plus on est fort, plus le mensonge recule car ce mensonge est articulé par une minorité, certes aux commandes de moyens de propagande colossaux, mais dont la dernière des qualités est le courage et le sacrifice. Une aubaine inespérée bien que prévisible car l’un ne va jamais sans l’autre : mensonge et lâcheté en ces temps d’effondrement intellectuel et moral.
En revanche l’auteur demeure toujours aussi lucide, pertinent et courageux (comme quoi… quand on veut on peut !) dans son analyse et sa dénonciation des officines liées à un Etat étranger dont il n’y a plus rien à sauver depuis 1967 - l’Etat d’Israël -, à propos de leurs agissements : CRIF, UEJF, LICRA, le PS et cet alibi qu’est une « Shoah » cache-sexe d’un désir d’impunité et d’influence avec le recours permanent par le biais du chantage à l’antisémitisme de la menace d’une relégation sociale et professionnelle certaines, procès, amendes et emprisonnement ; le Judaïsme dont le sionisme est le bras armé, est loin d’être étranger à cette kabbale : historiquement, les rabbins qui disposaient d’un droit de vie et de mort sur leurs ouailles ( en Pologne en particulier) jusqu’à la Révolution française, n’auront pas cessé, et aujourd’hui encore, de trainer dans la boue de notre humanité, voire de notre animalité, tout ce qui n’est pas juif (se reporter aux ouvrages d’Israël Shahak à ce sujet) : un Maïmonide en particulier, star de cette communauté aujourd'hui encore mais après Netanyahou... quand même !
Finalement, ce que le CRIF et ses agents ne pardonneront pas à Soral ( tout comme à Dieudonné) c’est bien d’avoir refusé de placer le Musulman et l’Islam au centre de tous les maux de la société française. Rien moins.
1 - Avec le PS... "Les droits de l'homme d'accord !" mais pas pour les Palestiniens ! "Un Etat fort et protecteur" mais privatisations en-veux-tu-en-voilà (sous Jospin) ! « La lutte contre le racisme, mille fois oui ! » mais pas pour les Musulmans ! qui plus est... musulmans et fiers de l'être ! "La condamnation des communautarismes, il faut... c'est sûr !" excepté en ce qui concerne le CRIF...
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L’amour et le retour du Christ
Si le Christ, Fils de Dieu « c’est tout l’amour et tout le pardon dont nous ne sommes décidément pas capables les uns envers les autres et plus encore envers cet autre lorsqu’il est tout autre » - Copyright votre serviteur…
Au terme de cette odyssée très personnelle de l’auteur, épopée lexicale des idées et de leur indexation, et puis aussi sans doute au terme d’une expérience d’engagement d’une vingtaine d’années, Alain Soral maintenant sexagénaire, dans les dernières pages de son ouvrage et contre toute attente, la lecture de « Comprendre l’époque » trouvera son issue, sa porte de sortie, dans le recours et le retour à « L’amour et à l’avènement du Christ » - universalisme, compassion et pardon : ce que l’auteur nomme « le premier système-monde » : proposition donc à la fois égalitaire et universelle que le Christ a incarné ; Lui et sa Parole.
« Touché ! »… Le Christ, prédicateur subversif (terroriste ?) qui n’admet aucun compromis, qui n’omet aucune vérité, surtout celles qui ne sont pas bonnes à dire, et que Pasolini mettra en scène dans son adaptation cinématographique de « La Passion selon saint-Matthieu », Christ qu’aujourd’hui on enfermerait illico presto au nom de l’atteinte à la sécurité de l’Etat, un Etat au service des marchands de tous les Temples, ceux de Wall-Street, de la City, des GAFAM et autres multinationales…
On saura gré à Soral de rappeler à ceux qui l’avaient oublié que le message de ce Christ, de la Personne, plus que celui du Christianisme en tant que religion, plus que celui de l’Eglise « pilotée » à partir du Vatican entre deux déchaînements irrépressibles d’ordre pédophile mais pas seulement car il y a des pulsions de destruction de l'enfance et de l'adolescence qui ne se préoccupent pas de demander l’extrait de naissance de sa prochaine victime…
Que ce message est bel et bien d’une universalité - il concerne tous les êtres humains, baptisés ou pas - incontestable ! Jugez plutôt : nous sommes tous élus ; par conséquent, nous sommes tous intouchables ; tous les êtres humains font partie d’une seule et unique communauté ; et plus ils sont frappés de disgrâce, plus ils sont proches de Dieu, plus la compassion et le pardon doivent se tourner vers eux tous ; message sans précédent, unique et qui en cela, aurait dû, devrait, positionner le "Christianisme du Christ" à l’avant-garde de toutes les luttes d’émancipation (certes, on pensera aux années 70 et à quelques tentatives de la part des tenants, sud-américains principalement, d'une Théologie de la libération mais la CIA, c'est plus fort que tout !)
L’auteur, là encore à notre grande surprise, proposera une nouvelle alliance : « Raison et émotion » - les mathématiques (la science) et l’amour de son prochain ; le logos grec et le logos chrétien.
Vaste programme donc. Reste à vérifier en parole et en action si notre converti sera à même de pratiquer ce nouveau prêche qui l’oblige car cette nouvelle alliance implique le respect d’un engagement et moral et spirituel.
Inutile de préciser que nous sommes tous impatients d’être les témoins d’un Alain Soral pétri d’amour et de mathématiques. Soyons charitables : accordons-lui le bénéfice du doute.
Épilogue
Aujourd’hui, avec le recul qui est le nôtre, il semblerait qu’il soit grand temps de réaliser, de reconnaître, confrontés aux faits (événements historiques et psychologie humaine), faits têtus, qu’il n’y a pas d’opposition véritable parmi les acteurs (les clowns ?) de ce grand Barnum qu’est la politique aujourd'hui - théâtre d'ombres qui aimeraient tellement avoir l'air et qui n'ont plus l'air de rien ; il n’y a plus que des ambivalences ; d’où l’élasticité jusqu’aux reniements et autres volte-face, des convictions des uns et des autres.
Avec cet aveu seul peut-on espérer se rapprocher de la réalité de la nature des « oppositions » et plus important encore, de ce qu’il est possible d’espérer et d’attendre de chacun d’entre nous, y compris de ceux qui se refusent à se satisfaire d’une course inexorable vers plus de laideur, plus de souffrance, plus d’injustices, plus d’indifférence car force est de constater que ces antagonismes (Tradition, Modernité, Inégalité, Egalité, Mondialisme, Souveraineté) savent partager la même couche quand l’heure est venue de se retirer dans leurs appartements car, finalement… il n’y a pas de mal à se faire du bien… pour personne et entre tous.
Le solide cohabite très bien avec le liquide ; l’eau, la glace ; le chaud, le froid ; raison pour laquelle la bascule ne se fera sans doute jamais ; personne n’aura donc ce qu’il désire ; raison pour laquelle l’édifice tient encore debout malgré le désir de penser qu’il serait bon que le mouvement de balancier (va-et-vient alternatif qu’en apparence puisqu’il n’aura de préférence pour aucun des deux battements impliqués) se décide un jour à se figer d’un côté ou d’un autre alors qu’il ne peut que s’immobiliser sur son axe de rotation, au centre donc (Centre... ventre mou d'une classe politique qui n'a de cesse de "se faire dessus", société liquide, chassieuse), à moins de remettre en cause les lois de la physique dont chacun peut pourtant vérifier la pertinence sans difficulté, les uns rejetant dans les poubelles de l’histoire un des deux mouvements de balancier, les autres, reléguant la probabilité de réalisation d’aspirations jugées utopistes à la saint-Glinglin.
Sur cet axe central se trouve la maigre consolation d’un « Tous perdant ! Balle au centre !» excepté pour un petit tiers de l’électorat non abstentionniste, électorat triomphant, soit à peine 15% des inscrits sur les listes électorales.
Revenons au sous-titre de l’ouvrage : « Pourquoi l’Egalité ?»
La réponse : « Mais parce que quiconque souhaite cacher un crime n’aura qu’une option : en dénoncer un plus grand encore, de préférence chez celui de l' adversaire ».
Pourquoi l’Egalité à cor et à cri ? Parce que le véritable projet c’est le projet d’une société où tout est à vendre, à produire, à monnayer comme jamais : biens mobiliers et immobiliers bien sûr ! mais aussi, mais surtout… le Réel, la Vérité, le Mensonge, hommes, femmes, enfants, les corps et les âmes ! Et tous devront pouvoir y prétendre car tous devront implicitement, comme à leur insu, la souhaiter cette société, et ce afin qu’une minorité sans morale, le vice chevillé au corps, puisse en jouir.
Pourquoi cette promesse ? Pour le dire sans détour, cette promesse qui n’engage que ceux qui y croient, les bras croisés en attendant qu’elle soit « actée », qu’on la leur offre, cette promesse est née de cette soif, de cette faim inextinguibles pour le business, les affaires, le profit, l’accumulation, l’accaparement, la possession, la spoliation, l’exploitation… or, ce projet n’est pas possible sans la mise en scène d’une promesse d’Egalité à une échelle universelle, du moins… au sien d’un univers culturellement homogène ou presque (puisqu’encore une fois cette égalité économique de confort en particulier, se fera sur le dos de l’inégalité ancrée dans les zones géographiques les plus faibles aux populations privées de protections) ; stratagème indestructible car vous aurez beau dénoncer une inégalité croissante, cette promesse continuera à tourner sur le manège, le tourniquet d’une conscience sociale déboussolée.
Plus cette égalité sera formelle, plus elle sera fictionnelle, plus sa demande prendra un tournant proche d’une folie égalitariste symptôme d’inégalités croissantes dont plus personne ne comprend les tenants et les aboutissants : « On veut l’Egalité pour, une fois obtenue, rentrer dans une niche, celle d'un entre-soi égalitariste, entourés, choyés, célébrés... à l'abri, sécurisés !"
L’homme marchandise, l’homme machine, rationalisation et déshumanisation, dépossession et dépersonnalisation, casuistique et formalisme hypertrophié - duplicité oblige ! - c’est encore la bourgeoisie que l’on trouve au centre de ce processus avec le transhumanisme, cet homme augmenté qui n'a pas fini de refuser de mourir tellement il aura fait l'expérience d'une existence d'une plénitude paroxystique mais aussi, pour d'autres... le sentiment d’avoir finalement vécu en vain, pour rien ou pour si peu ; en colère, ils en redemanderont dans l’espoir d’être à même, un jour, de souhaiter mourir enfin repus, bouffis de satisfaction, la promesse accomplie… mais le plus tard possible toutefois.
Avec « Comprendre son époque – pourquoi l’Egalité ? » si cet ouvrage de par son contenu méritait sans doute un titre plus ambitieux car ce « Comprendre l’époque » pourrait laisser entendre qu’il serait question de l’actualité de notre époque, ici et maintenant, alors qu’il est question d’une actualité « de toutes les époques » passées et de celles à venir…
Avec cette ouvrage, Alain Soral a gagné ses galons d’intellectuel historien des idées ; « historien biaisé » dites-vous ? Oui, sans doute mais son mérite c’est de ne pas chercher à nous le cacher contrairement à nos universitaires roublards et lâches.
Raison, amour, pardon et compassion… puisque telle est la proposition de l'auteur... si notre société n’est plus capable d’obtenir de ses membres un regard à la fois curieux et attentif, à dessein bien évidemment puisqu’il est question de rendre « invisible » et incompréhensible des milliers d’expériences de vie, Alain Soral semble fin prêt pour une authentique réconciliation : celle qui permet de s’ouvrir et de rencontrer « la condition humaine de l’autre » en particulier, quand elle est tout autre, insoupçonnable, aussi étrangère qu’elle puisse être aux yeux de l’auteur que le bannissement et les menaces physiques semblent au fil des ans avoir coupé de la réalité de pans entiers de notre société comme autant de vécus qui expliquent bien des comportements, des parti-pris porteurs de multiples incompréhensions sincères, du moins, chez ceux qui sont encore capables d’afficher une bonne foi dont on ne saurait douter.
***
Sinon et en attendant, Covid oblige ! L'ouvrage se termine sur ce nouveau questionnement de l'auteur : "Demain, le grand reset ou le grand ménage ?"
A noter qu'il est aussi question de ménage avec le Reset... Reset jusqu'à présent ignoré par le monde intellectuel universitaire et autres (les Lordon en particulier). Surprenant tout de même !
Créée
le 9 juil. 2023
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