Putain, saloperie de moustique, c'est la sixième fois qu'il me pique aujourd'hui, ça m'apprendra à allumer la lumière pour écrire des critiques.
Où j'en étais...
Ah oui, Bukowski. Charles Bukowski est donc un écrivain, poète, beatnik, connu pour ses frasques, qu'il a raconté dans des nouvelles et une autobiographie, au moins, mémoires d'un vieux dégueulasse, je crois. Lu comme ça, je dirais que tout est plus ou moins inspiré de faits réels, c'est tout. Quelqu'un qui boit autant qu'il le décrit meurt. Ce n'est pas possible de vivre toujours saoul.
Pareil, quelqu'un qui est toujours en train d'essayer d'avoir des relations sexuelles (des fois pas vraiment consentantes) ne s'en sort pas. La société peut tolérer pas mal de choses, mais autant d’agressions sexuelles en réunion, je ne pense pas.
Les quatre premières nouvelles, je dirais, sont pas mal. Bien travaillées, originales, assez concises. Après, ça se dégrade, il entre dans le personnage qu'il s'est inventé, l'alcoolique obsédé sexuel. Là où vraiment c'est trop, c'est l'histoire du journal fait par un pote à lui, dont il veut se taper la femme "cherryl", je crois qu'elle s'appelle. Il n'arrête pas de critiquer le journal, il n'y a que ce qu'il y écrit qui vaut la peine, tous les autres sont des imbéciles. Un peu le journal harakiri, mais à l'envers.
Très peu d'intérêt.
Y en a une après aussi, très longue et très ennuyante. Si on devait noter nouvelles par nouvelles, ça vaudrait 3/4, parce que la forme est pas mal quand même, mais il ne raconte rien. Il dit juste du mal des autres, il dit qu'il boit, il dit qu'il veut baiser (c'est toujours en termes très crus, les femmes sont là pour coucher avec lui de toute façon).
Puis après on arrive vers ses quarante ans, et là il commence à être connu, il raconte comment il s'isole de plus en plus et s'autodétruit. L'avant dernière nouvelle s'appelle carrément "carnet d'un suicidé en puissance", où il n'arrête pas de critiquer le reste du monde, y a que lui qui vaut le coup. Mais toujours avec une part d'autodérision.
Il y a aussi des nouvelles plus intéressantes. Son aventure à New York, où il ne reste qu'une journée dans son nouveau travail (c'est un bon score pour lui, ses boulots ne duraient pas longtemps), puis son passage au Mexique où il se réveille un matin sur un banc sans rien.
Ou ses aventures en prison, largement inventées à mon avis.
La dernière nouvelle, "le zoo libéré", vient racheter tout ça, c'est une espèce de fable moitié fantastique, moitié comique, mais avec un peu plus de sérieux. Qui fait penser à Philippe K. Dick en fait.
Bon, voilà, c'était ça Bukowski. Un clodo légendaire, une espèce d'avatar de Bacchus, envoyé sur Terre pour emmerder les californiens.
On pourrait le comparer à Diogène, à cause de son poids et de son anticonformisme, mais c'est pas vraiment ça. Diogène essayait de faire réfléchir les gens, sur leurs besoins.
Bukowski, je ne sais pas. A mon avis pour le comprendre il faut déjà avoir tiré un trait sur pas mal de trucs, pas mal de gens doivent seulement s'amuser en le lisant, mais ce ne sont pas que les provocations d'un mec bourré. Au fond, c'était un timide, je pense qu'il avait besoin de l'alcool pour exister auprès des autres, et pour se donner le courage d'écrire.
Que dire... lisez-le, ça se lit bien.
Ah, celle sur la politique est pas mal, la fameuse phrase "La différence entre une démocratie et une dictature, c'est qu'en démocratie tu votes avant d'obéir aux ordres, dans une dictature, tu perds pas ton temps à voter."
Ça résume bien le type : pour simplifier, allez-vous faire foutre