Gentils récits de pays de sable
Quatre contes écrits à la confluence de trois fleuves de la langue : oralité/écriture, français/arabe dialectal, langue commune/idiolecte. Ils recueillent et diffractent, nous dit l'auteur en sa Préface, son trajet dans le langage.
Ce sont de fort beaux contes, certains assez connus (le bucheron pauvre et ses voisins jaloux ne m'était pas étranger). La voix de la conteuse, au crépuscule - les contes sont dits de la nuit -, ouvre les récits de façon, je trouve, un brin guindée, manquant la souplesse de l'oralité. Le style de l'auteur oscille entre le réalisme de certaines paroles rapportées, en opposition avec les attendus classique du conte, dont les dialogues sont le plus souvent stéréotypés, et la stylisation des sentiments (l'on tombe amoureux de la plus belle femme du monde parce que c'est la plus belle femme du monde : la beauté extérieure reflète la beauté intérieure, selon des schèmes traditionnels). Le merveilleux est présent (djinns, objets magiques, ogresses) et naturel à tous les protagonistes ; mais il a sa place traditionnelle : le héros humain doit combler un déséquilibre et pour ce faire, se confronter à des puissances antagonistes avec l'appui de forces adjuvantes de façon à se réunir à l'objet du désir (richesse, amour, etc.), rien que de très classique. La morale est attendue, les méchants punis, les gentils, à l'infinie pouvoir de résilience, récompensés de leurs tribulations parfois fort pénibles. Aucune subversion, donc, juste un ton plaisant qui, sans jamais parvenir à m'investir de ce sublime qui, parfois, me prend devant le merveilleux, me laisse néanmoins quelques jolies résonances.