Une lecture très bizarre : quel intérêt d'écrire des contes à notre époque si c'est pour resservir les vieux poncifs les plus détestables des contes ?


Je cite : "Il ne reste plus qu'à ajouter que le Cafard proposa généreusement [à la Souris] d'habiter chez lui. Ils se marièrent peu de temps après, et ils sont parfaitement heureux tous les deux. La Souris Solitaire est fière d'avoir un mari aussi intelligent et aussi cultivé (sic !), et le Cafard la respecte énormément (re-sic !) pour les mets succulents qu'elle lui prépare tous les jours […]. Bien sûr, la Souris regrette son armoire […], mais elle est quand même très contente de sa nouvelle vie : elle n'est plus solitaire, maintenant."


Donc la morale, si je capte bien : la bonne poire de Souris pardonne tout (son nouveau pote Fédia lui a quand même cramé sa maison, mais c'est pas grave, tends l'autre joue, tu te rappelles ?), parce que tant qu'on lui donne un peu d'amitié (et de respect en bouffant ce qu'elle prépare si bien), elle est heureuse, et puis elle a maintenant un Cafard à admirer, donc c'est bon, elle s'est trouvé un but dans la vie. Et puis la solitude, ça craint. Faut se marier, poulette, même à un cafard répugnant qui dévore tout.


Non mais sans blague !! Publié en Russie en 2004, les gars ! Non non, pas au XVIIe siècle, je vous assure.


Et ne parlons pas du 2e conte... Ou plutôt si, quelques extraits parlants :


"Et nos amis purent enfin examiner comme il se doit Maria Sémionovna elle-même qui, jusqu'à cet instant, n'avait jamais sorti le nez de son trou. C'était une créature simple et timide et qui plus est, assez empotée en dépit de ses innombrables pattes. […] Mikheïev […] bougonna :
– Moi, je lui retirerais son autorité maternelle ! Quelle empotée ! C'est de la folie !"


Mais vas-y, mon ami, prends-les, les innombrables gosses ! Retire-lui direct son autorité maternelle, enfonce-la comme une merde et gausse-toi ! Tu es trop fort, toi. Tu saurais bien mieux comment t'y prendre, pour sûr ! D'ailleurs, il suffit qu'il parle et les enfants, magie magie, lui obéissent (forcément, c'est un homme). La greluche "regarda le chat avec admiration" et fondit en larmes. Mais c'est normal, elle n'a jamais touché un livre de sa vie, contrairement au chat, bien plus savant. D'ailleurs elle est réticente à aller se documenter à la bibliothèque.


Notez que tant que les amis n'ont pas eu le loisir de reluquer Maria S, elle n'est pas caractérisée : c'est le regard des autres qui lui donnent corps. Merci les personnages féminins, qui n'ont aucune qualité (sauf si faire la bouffe, être une bonne poire, savoir pardonner, et reconnaître son inculture sont des qualités) ! Et elles ne sont que 2 au total (pour 9 perso masculins, d'ailleurs).


L'histoire est tarabiscotée et pas très réjouissante, et se clôture sur une bonne vieille morale du genre : respectez votre nom pour être des gens bien !


Bref, un livre que je vais égarer, je pense.


Dommage, j'aimais bien Oulitskaïa. Il faut croire que la littérature pour enfants, ce n'est pas à la portée de n'importe quel·le écrivain·e... et ne s'improvise pas conteur·se qui veut ! Même les grands noms.

AlisonLeglas
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le 11 oct. 2020

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AlisonLeglas

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Contes russes pour enfants
AlisonLeglas
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Franchement décevant (et très misogyne !)

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