Contrepoint est un de ces bouquins sur lesquels on tombe complètement par hasard: je l’ai reçu en sus de mes achats sur le stand ActuSF à Trolls & Légendes. Il s’agit d’une anthologie dirigée par Laurent Gidon, un recueil de neuf nouvelles « sans guerre ni conflit ni violence ». Idée intéressante, mais le résultat n’est à mon avis pas vraiment à la hauteur de l’ambition.
De façon générale, ces histoires manquent de souffle. On est plus face à des tranches de vie qu’à des histoires vraiment excitantes. Si j’étais médisant, je dirais que c’est la version « cinéma français » des littératures de l’imaginaire.
Certains textes donnent l’impression que ça pourrait être un bon début pour un texte plus long, sauf que non (« Mission océane »), d’autres trichent (« Permafrost ») et « Avril » m’a déprimé, à cause du chat mort. Faut pas tuer les chats, c’est Mal!
Sortent du lot, de mon point de vue, « L’Amour devant la mer en cage », de Timothée Rey, avec son avenir post-humain et sa langue recomposée et « Nuit de visitation », de Lionel Davoust, qui a une forte charge émotionnelle, mais dont on se demande si elle est vraiment dans le sujet, aux frontières du fantastique.
Je note aussi, au passage, « Semaine utopique », dernière nouvelle du recueil signée Thomas Day, qui se fout de la gueule du thème en faisant n’importe quoi. Amusant dans le genre défoulatoire, mais plutôt stérile.
Quelque part, je trouve que ça résume assez bien le problème de Contrepoint: l’exercice est contre-intuitif et difficile (ou ambitieux, c’est selon) au point d’être plus un défi d’intellectuels, plutôt qu’un défi intellectuel.
Donc, non, je n’ai pas aimé Contrepoint; je ne suis pas non plus mécontent de l’avoir lu, ne serait-ce que parce qu’il met en lumière la difficulté d’écrire un texte 1) sans conflits et 2) intéressant. Ce n’est pas demain la veille que je m’essayerai à pareil exercice!
Si vous le recevez gratuitement avec vos achats, jetez-y tout de même un œil: il n’est pas sans défauts, mais pas sans intérêt non plus. Par contre, je vous déconseille de le chercher spécifiquement – à part par curiosité intellectuelle.