Rivière fusionne avec Artaud sans le remarquer, il est pénétré au plus profond de lui par les visions d'un auteur important, la qualité d'un diamant brut dans lequel il croit s'apercevoir.
Voulant aider son prochain, qu'il croit voir comme le prochain prophète malade de la littérature, il l'accueille un temps dans le foyer de son esprit pour le soigner ; le comprendre pour qu'il ressente moins le froid de la solitude littéraire, voire lyrique ou même plutôt mental.
Une alchimie se forme entre ces hommes de lettres, leur phrase s'entremêle pour ne former qu'un long poème en prose décrivant l'union spirituelle de deux âmes s'ouvrant à l'autre pour faire apparaitre une, immense et éthérée, qui sera celle de l'œuvre d'Antonin.
Ils aperçoivent tous les deux les prémisses de quelque chose de grand : le malade ne cesse de s'ouvrir pour que Jacques comprenne son état et lui laisse une chance de s'exposer, séduire l'éditeur par son potentiel subissant les aléas de son mental.
Encore une fois, Artaud sait comment parler aux gens pour avoir d'eux ce qu'il veut, c'est toujours si bien fait et beau : une danse entre un serpent et une belle femme, le malin et le tenté qui se tournent autour jusqu'à ce que la proie tombe de fatigue : pas besoin d'utiliser le venin sur ceux qui veulent juste gouter au plaisir de la tentation d'en savoir plus, ils s'effondrent sous le poids de leurs barrières tombées.