« C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres »

Crois ou meurs ! est un nouveau pavé dans la mare de l'historiographie mouvementée de la Révolution française.


Comme tout traumatisme historique profond, la Révolution française a d'abord été oubliée, puis mythifiée, puis, enfin, parce que suffisamment de temps s'est écoulé pour pouvoir s'en détacher, est en train d'être décortiquée avec la froideur critique de l'historien qui cherche simplement la vérité, peu importe le prix.


Et le prix est lourd : rien moins que le fondement historique de notre société depuis plus d'un siècle !


La Révolution, dont le terrible souvenir a d'abord été soigneusement oublié, n'a été élevée au rang de mythe fondateur de la Nation que sous la Troisième République, cette grande relectrice de l'histoire pour la moins... légère.


Mais de nos jours, la Révolution n'est plus seulement l'acte fondateur de la France : l'idée-même de révolution (ou de révolte) est perçue comme a priori positive, à telle enseigne qu'un candidat aux élections présidentielles pour le moins conforme et agissant par voie strictement légale a cru bon d'invoquer l'idée de « révolution » comme idée maîtresse pour sa campagne présidentielle.


Le livre de Claude Quétel est particulièrement passionnant en ce qu'il suggère une profonde remise en question de cet idéal de la révolution à laquelle nous sommes si spontanément enclins à adhérer par principe.


Claude Quétel est un incroyable conteur qui sait rendre son récit captivant, haletant, intense. Privilégiant le récit à l'analyse, il sait distiller les faits marquants en laissant soin à son lecteur d'en tirer sa propre réflexion.


La Révolution française a beau être hissée au rang de mythe sacré de la Nation et du Progrès, son historiographie n'est rien moins que sereine et suscite toujours de houleux débats plus ou moins partisans. François Furet avait déjà mis un sacré coup de pied dans la fourmilière, tout en prenant soin de conserver, selon une lecture de la Révolution qui est déjà celle des libéraux depuis 1795, « sauvable » une partie de la Révolution, avant qu'elle ne « dérape » (le dérapage, décidément le mal du siècle...)


Claude Quétel va plus loin : il n'y a pas de dérapage, « la Révolution est assurément un bloc. » (titre de son fort bienvenu essai d'historiographie en annexe du livre)


Il ne fait pour lui aucun doute : la Révolution n'a été qu'un « épisode exécrable, de bout en bout, de l’histoire de France. Elle ne fut pas le magnifique soulèvement de tout un peuple mais une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont la mémoire continue aujourd’hui encore à diviser fondamentalement les Français. »


Le récit qu'il en fait est une longue série de magouilles, de coups bas, d'assassinats, de coups de force, où la liste des morts défile de façon vertigineuse. Un récit qui, finalement, correspond assez bien à l'image peu flatteuse qu'avaient donné mes cours à l'Université de la Révolution française, les petites atténuations spécieuses en moins.


L'une d'entre elles, qu'on entend régulièrement, ne cesse de me laisser pantois : « Oui, mais la Terreur a fait moins de mort que les guerres ! »


Cynisme ? Mauvaise foi ? Rationication statistico-utilitariste ?


Mais enfin ! Qu'on m'arrête si je me trompe mais, me semble-t-il, mourir à la guerre est quelque chose d'assez normal. Assassiner au nom d'un gouvernement instauré de façon illégitime pour un vague délit d'opinion — incrimination sans preuves, tout juste une dénonciation — sans jugement, sans procès, à peu près sans défense possible de l'accusé (qui doit prouver son innocence !) c'est, en revanche, loin d'être normal.


D'ailleurs, si on veut chipoter un peu, les guerres révolutionnaires n'étaient qu'un impérialisme féroce visant à répandre la Révolution « partout en Europe, jusqu'en Russie » et à piller pour combler le déficit public. L'armée française s'y est amplement déshonnorée en spoliations et en massacres de civils...


Mais insistons sur cette idée de normalité : c'est bien là que réside le fond du problème.


Par une sorte de nihilisme mêlant lumiérisme, marxisme et/ou nietzschéisme (mais surtout les deux derniers), assis sur un « matérialisme » bien commode, nous sommes facilement tentés de croire (et j'y ai moi-même longtemps adhéré) que la fin justifie amplement les moyens et qu'il n'existe aucune norme, aucun principe, aucune morale susceptible de limiter la volonté, à plus forte raison si celle-ci tend vers le Bien (dans la version lumiériste et marxiste).


Heidegger y voit une sorte de nihilisme de la volonté — « la volonté de volonté » —, qu'il analyse comme ignorant consciemment la réalité en supposant qu'il n'y a que la volonté individuelle qui puisse contenir une quelconque forme de vérité (puisque celle-ci ne peut qu'être subjective) : un sentiment qu'il place, entre autres, à l'origine du nazisme mais, plus globalement, comme constituant de la modernité post-nieztschéenne.


Claude Quétel et les travaux récents de l'historien Jean Lopez avaient déjà insistés sur le rôle et le poids du non-respect affiché du droit international dans la logique de guerre des nazis (et pas que par eux, d'ailleurs), comme si les fins qu'ils poursuivaient étaient absolues au point qu'elles ne pouvaient souffrir aucune limitation extérieure. Non-respect permis, également, par la certitude d'agir contre un ennemi absolu (le slave, le judéo-bolchévik, le capitaliste) avec lequel on ne peut traiter, avec lequel la seule issue possible est l'extermination.


C'est un mécanisme similaire que l'on retrouve à l'oeuvre pendant la Révolution : puisque l'on agit au nom du Bien, l'ennemi devient l'incarnation du Mal ; il faut l'exterminer car on ne traite pas avec le Mal. On peut donc se permettre de ne respecter aucune norme, aucun droit, aucun processus institué de régulation de la vie sociale et de résolution des conflits consubstantiels à celle-ci.


Je ne cherche pas à assimiler les révolutionnaires aux nazis mais simplement à souligner des mécanismes communs : l'exemple du nazisme, qui n'en est qu'un parmi (hélas !) beaucoup d'autres, est simplement commode puisqu'il permet de rebondir sur des travaux historiques récents.


Au nom de « la volonté générale », de « la souveraineté du Peuple », de « l'Humanité » et de « la Vertu », on peut s'attribuer un large évantail de moyens. Quand on aura exterminé tous les méchants, il ne restera plus que les gentils, ce qui vaut bien le coup au final ! C'est précisément ce qu'affirmait Robespierre, ce monstre fascinant, ce puritain naïf probablement sincèrement mu par les plus pures intentions. Un proverbe populaire (probablement un reste d'étroitesse d'esprit paysanne) dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.


Mais pour Claude Quétel, la Terreur n'a pas commencé avec Robespierre. Elle a commencé dès 1789 avec la « Terreur de la rue. »


Le récit du basculement du pouvoir est particulièrement fascinant et particulièrement stimulant d'un point de vue théorique.


Contrairement à ce que lui ont reproché quelques uns de ses collègues, Claude Quétel ne nie pas du tout que la monarchie avait besoin de se moderniser, que les gens avaient de bonnes raisons de vouloir du changement et d'être exaspérés par la situation économique, sociale et politique du pays. Ce qui pose une question tout de même délicate : jusqu'où le peuple doit-il aller pour se faire entendre ?


La faiblesse d'un Louis XVI timoré et hésitant (trop acquis aux idées des Lumières ?) a laissé un vide dans le pouvoir. Un vide immédiatement comblé par l'assemblée des Etats Généraux autoproclamée assemblée constituante (un coup d'Etat ?)


Dans le même temps, la situation à Paris dégénère. Les quartiers les plus pauvres de la capitale irriguent les rangs d'une population en colère acquise aux idées des Lumières et galvanisée par les clubs politiques qui deviennent des groupes de pression destinés à jouer un rôle crucial dans la suite des évènements. En tant que Peuple, tout ce petit monde en roues libres se pense légitime pour imposer sa loi : très vite, la presse d'opposition est muselée, les députés non-révolutionnaires sont interdits de parole à l'assemblée (dont les séances sont ouvertes au Peuple), puis les opposants soupçonnés antirévolutionnaires assassinés dans la rue, pendus aux lampadaires, voire torturés, décapités en pleine rue et leurs cadavres exposés en place publique — spectacles quotidiens ayant ses propres afficionados.


Ces manifestations populaires semblent légitimer l'action des députés de l'assemblée — où l'extrême gauche est rapidement devenue le parti modéré et le centre-gauche l'extrême droite — qui estiment y voir l'assentiment du Peuple à leur action politique (tout en étant déconnectés, à Versailles, de ce qui se passe à Paris). Or, en Province, les insurrections antirévolutionnaires éclatent de partout. Qu'à cela ne tienne ! Les campagnes sont encore pleines d'obscurantisme et n'ont pas encore été émancipées par la généreuse philosophie des Lumières ! Il suffit donc de leur apporter cette liberté qu'ils contestent, ce qui n'est qu'agir pour leur bien ! Le peuple vient d'être effacé derrière le Peuple.


On connaît la suite : une longue fuite en avant, allant toujours plus loin dans la violence.


Claude Quétel pense qu'il n'y a pas de fatalité dans l'histoire et que celle-ci repose toujours sur des choix qui sont faits (ou qui ne sont pas faits) par ses acteurs. Démarche passionnante et très stimulante, il essaye donc de comprendre ce qui a motivé ces choix, notamment sur le plan culturel et intellectuel. Se pose alors la question du rôle de la philosophie des Lumières, le « philosophisme. » Des idées certes généreuses et nobles (c'est son propre mot) mais qui, précisément, à cause de leur générosité naïve ignorent superbement la triste réalité de la médiocre et tragique condition humaine. Un refus de voir l'homme tel qu'il est — substitué par un Homme abstrait et hors-sol — a conduit aux attitudes les plus démesurées, les plus folles, les plus meurtrières. Paradoxe cruellement logique qui échappe encore beaucoup trop à nos contemporains : poursuivre le Bien peut finir par enfanter le mal.


Mais le récit du basculement du pouvoir et de la mise en place de la logique de la Terreur montre bien que ces idées ont d'abord dû se saisir d'une situation politique exceptionnelle qui a elle-même dégénéré dans son propre mécanisme infernal.


Cela étant, Claude Quétel ne croit pas du tout à la justification bien facile (et cynique) des « circonstances », déjà celle des conventionnels à qui on demandait des comptes après l'exécution de Robespierre. L'argument des circonstances n'est valable que si l'on pense que l'échec de la Révolution et le retour au pouvoir de la monarchie serait une tragédie inacceptable. Pour le croire, il faut penser que l'Ancien Régime constitue un mal à combattre absolument, qu'on ne peut plus tolérer, ce que suggérait (ou affirmait carrément) la philosophie des Lumières. Mais les révolutionnaires se sont surtout enchaînés à leur propre logique : minorité qui s'accapare le pouvoir de façon illégitime contre l'avis du reste du pays, ils ne pouvaient soit qu'admettre la défaite, soit se perdre dans une fuite en avant meurtrière en entamant une répression féroce que ne s'est jamais permise la royauté.


Il y a surtout une attitude qui suppose que ses idées personnelles (soit-disant fondées sur la Raison, donc universellement et absolument vraies) doivent s'imposer à tous, nonobstant les normes instituées de régulation de la vie politique, instituées précisément pour éviter que l'avis d'une minorité prenne le pas sur le pays tout entier. L'attitude révolutionnaire est-elle donc sage ? Pour Proudhon, la révolution ne sert à rien, sinon à engendrer des malheurs inutiles. On ne décrète pas les changements de la société : la révolution ne peut changer les idées de la société, elle est donc vouée à l'échec, à moins de mettre en place un régime totalitaire. Laurent Mermet développe l'idée, dans ses cours sur le traitement politique des questions environnementales, de décrétisme : un comportement qui consiste à vouloir décréter les directions politiques en faisant fi des équilibres établis et des négociations avec les différents acteurs concernés, négociations au coeur d'un gouvernement pensé comme harmonisation (ou arbitrage) des intérêts contradictoires.


Mais quand bien même il fallait considérer l'Ancien Régime comme absolument néfaste : pour quelles raisons ? La tyranie d'un roi ne parvenant pas à réformer le royaume à cause de la rébellion permanente des Parlements souhaitant coûte que coûte conserver leurs privilèges ? À cause d'une fiscalité trop loude et injuste que Louis XV n'a justement pas pu réformer, en voulant instituer un impôt universel sur le revenu, à cause de la résistance des groupes de pression ? À cause des privilèges d'une noblesse qui, certes parasitaire, n'était toutefois déjà plus que l'ombre d'elle-même ? À cause de la misère d'une majorité de Français pour qui la propriété n'était effectivement absolument pas accessible ?


La Révolution a abouti, après une effroyable dictature, à la dictature militaire du belliqueux Bonaparte qui, outre muselant totalement toute forme d'autonomie locale avec un centralisme forcené et paranoïaque, a rétabli les privilèges d'une nouvelle forme d'aristocratie... sous les applaudissements unanimes... du peuple ! Et, sans parler de l'amateurisme des révolutionnaires qui ont plongé la France dans une grave crise économique, la Révolution, en consacrant la propriété privée dans un pays où elle était inexistante, a placé dans une misère pire encore des tas de gens ne pouvant plus bénéficier des anciens droits longuement acquis, établis selon les multiples contextes locaux dans ce complexe et subtil jeu d'équilibres institué au cours des siècles.


Dans des Archives communales, j'avais par exemple trouvé un dossier constitué dans les années 1830 sur les réclamations de villageois souhaitant le retour aux anciennes coutumes d'Ancien Régime : la forêt seigneuriale voisine ayant en effet été rachetée par un particulier et soumise au droit de la propriété privée, ceux-ci n'étaient plus autorisés à y faire pâturer leurs bêtes, à y ramasser du bois de chauffage, ni même des feuilles mortes (utilisées pour fertiliser les champs) ou des champignons etc. — droits d'Ancien Régime qu'on a dû rétablir en partie dans la forêt communale... quarante ans après, et toujours d'actualité au début du XXe siècle !


Il paraît que la Révolution a au moins eu le mérite d'inventer les Droits de l'Homme (amen !) Mais non seulement ce n'est pas vrai (la Révolution américaine l'a fait avant) mais, surtout, la Révolution ne les a jamais appliqués, pas plus qu'aucun régime politique de 1815 à nos jours.


Alors, on doit peut-être louer la Révolution pour avoir établi la République. Ah ! La République ! La Démocratie ! Mais quelle démocratie, enfin ? A-t-on ne serait-ce qu'un instant vécu dans un régime réellement démocratique, de 1815 à nos jours ?


Claude Quétel pose une question cruelle : pourquoi tout ça ? Pour quel résultat ? Ne souhaite-t-on pas se rassurer en voulant toujours chercher des conséquences bénéfiques à un évènement historique ? Comme si l'histoire ne pouvait pas simplement être tragique ? La Révolution a en tout cas quelque chose de cette beauté grandiose des tragédies qui bousculent l'histoire...


J'ai tout de même cherché des critiques négatives sur le livre de Quétel. Je dois bien admettre que les seules que j'ai trouvées ne se contentaient que de l'accuser de nourrir une pensée « contre-révolutionnaire » et « réactionnaire », comme si ces accusations diabolisatrices (dont on ne sait à quoi elles renvoient exactement) valaient par elles-mêmes quelque chose ; comme si, d'ailleurs, les personnes ainsi incriminées ne faisaient qu'agir de façon malveillante et sournoise, drapées des plus mauvaises intentions. Je ne crois pourtant pas que Claude Quétel, mettant en relief les mécanismes d'une folie meurtrière effarante, agisse avec des intentions particulièrement mauvaises. N'essaye-t-il pas de tirer un enseignement de l'histoire ?


Au fond, comme il le dit lui-même, il y a une certaine folie à s'attaquer à la Révolution. La Révolution est un mythe fondateur, le mythe sur lequel repose notre société depuis un ou deux siècles. Sans la Révolution, il n'y a plus rien. Peut-être parce que notre société, au fond, n'est fondée que sur du rien ? Et qu'une fois dévêtue de ses beaux atours, il ne reste plus rien sinon ce rien vertigineux ? Tout renouveau repose peut-être sur cette sensation du vide...


Finalement, penser contre la Révolution, n'est-ce pas ce qui est devenu authentiquement révolutionnaire ? Serait-il temps de tourner la page ?




PS : Le titre provient d'une déclaration de Jean-Baptiste Carrier, commissaire missionné dans l'Ouest par la Convention et auteur des massacres de Nantes.


PPS : Le mythe révolutionnaire repose essentiellement sur la diabolisation de l'Ancien Régime, jugé despotique, violent et cruel, diabolisation qui permet au robespierriste Mélenchon d'affirmer que la France n'est véritablement née qu'en 1789 (!). Des travaux historiques, depuis plusieurs années, démontent entièrement cette idée reçue, inventée par les philosophes des Lumières et les romantiques au XIXe siècle. On peut citer, entre autres, les travaux de Claude Quétel lui-même sur les lettres de cachet, ceux de Claude Gauvard sur la justice au Moyen Âge ou ceux d'Olivier Christin sur les institutions locales.

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le 3 mai 2020

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