Syn est trappeur. Lui et son loup, Ack, passent le plus clair de leur temps dans les vastes étendues sauvages à chasser des robots pour leurs pièces détachées, revenant rarement vers la civilisation pour procéder à des échanges. Mais une guerre menace entre cités. C’est le point de départ de Cygnis, roman post-apo de Vincent Gessler.
J’avoue, j’ai acheté ce bouquin en partie parce qu’il s’agit d’une œuvre d’un auteur suisse, en partie aussi parce qu’il vient de ressortir dans une collection pas chère, chez L’Atalante Poche. Ce qui le rapproche, en format, des Fleuve Noir Anticipation, avec une histoire qui aurait très bien pu paraître dans cette collection, d’ailleurs.
Avec Cygnis, on est dans du post-post-apo: la fin du monde a eu lieu, mais il y a très longtemps et c’est un cataclysme dont le souvenir tient plus de la légende orale que de l’histoire enregistrée. Au cours des siècles, les survivants ont rebâti des îlots de civilisation au milieu d’une nature régénérée et récupéré certains restes de la technologie d’avant.
À mon avis, c’est la description de ce monde qui est la partie la plus réussie du roman. On a vraiment l’impression d’une nature redevenue souveraine, des cathédrales d’arbres qui, parfois on recouvert des anciennes cités et cachent des pièges. Les civilisations humaines, avec leurs rites et leurs coutumes, sont également bien décrites et rendent ce monde vivant.
En contraste, j’ai été moins impressionné et par la trame de l’histoire et par le personnage principal, Syn. Je n’en parlerai que peu pour ne pas dévoiler des secrets de la narration, mais Syn est peu acteur, plus spectateur. Il a certes ses raisons et c’est aussi pour cela peut-être que le monde de Cygnis est aussi vivant, mais c’est un peu frustrant. Je suis également un peu déçu de voir que les personnages féminins sont assez peu développés et plutôt passifs.
L’histoire, elle, m’a rappelé certaines parties de jeu de rôle avec un pote MJ, dont le grand classique était, à partir de personnages lambda, de nous faire découvrir en une séance que nous étions des dieux. Cygnis, c’est un peu ça, hélas – je dis hélas, parce que le court format et le peu d’indices antérieurs rend cette évolution artificielle.
L’un dans l’autre, Cygnis est un roman agréable, qui bénéficie certainement d’une écriture très maîtrisée par Vincent Gessler. La beauté intrinsèque des textes est un atout. Et puis quelqu’un qui cite en intro la bande originale d’Akira ne peut pas être totalement mauvais.