D'après une histoire vraie, le huitième roman de Delphine de Vigan, est certainement l'un des ouvrages les plus en vue et les plus attendus de cette rentrée littéraire 2015. Quatre ans après le fabuleux succès de Rien ne s'oppose à la nuit, son nouveau livre suscite bien des attentes ; comment l'auteure va-t-elle rebondir après un tel plébiscite ? La réponse est sans équivoque : magnifiquement bien !
Suite à l’accueil et aux réactions provoquées par son précédent roman, Delphine de Vigan s'est interrogée sur le besoin manifeste – et presque viscéral – que les lecteurs ont de se nourrir d'histoires basées sur des faits réels, de leur attirance pour les récits autobiographiques. De sa réflexion est né ce sublime et subtil roman, écrit à la première personne du singulier, dont elle semble être l’héroïne, et dont elle semble donc avoir vécue l'histoire qu'elle y raconte. Mais ce livre est-il un nouveau récit autobiographique comme le suggère le titre ? Rien n'est moins sûr et l'auteur laisse planer le doute sur le sujet ; quelle est la part de vrai dans les romans de fiction et quels passages sont romancés dans les écrits autobiographiques ?
Delphine aurait donc, et j'emploie le conditionnel à dessein, traversé, suite à la parution de son précédent roman, une période où il lui a été incapable de se tenir devant son ordinateur sans ressentir une angoisse profonde l'obligeant à fuir, où il lui a été incapable d'écrire ne serait-ce qu'un mail ou une de liste de course. Durant cette période qui a duré trois ans, Delphine a rencontré L. qui s'est insidieusement imposée dans sa vie et l'a coupée du reste du monde, cherchant à lui vanter les mérites des livres "vrais" et l'exhortant à écrire à nouveau sur elle. Car, d'après L., les romans de fictions sont voués à disparaître, les lecteurs n'ayant goût que pour les histoires vraies.
Delphine de Vigan a choisi de mettre Stephen King en exergue de chacune des trois parties qui composent ce roman, et pour cause, elle nous livre pratiquement un thriller à la Misery. Le parti pris de laisser planer le doute sur la nature de ce récit est incontestablement une excellente idée et donne à l'histoire un relief certain et maintient une tension de la première à la dernière page. Une vraie réussite et une proposition littéraire qui sort de l'ordinaire.