Biographie de l'acteur Daniel Emilfork,à base de rencontres&dialogues. +#MeToo Gay?(Visconti/Delon?)

"On est acteur pour changer le monde. Les acteurs ou les actrices qui ne sont pas animés par l'utopie ne sont pas des acteurs, ils sont des techniciens." Livre où j'ai fini par entendre sa voix comme si en livre audio (c'est très bizarre!).
"Enfant, j'avais une telle soif de rituel ! L'équilibre de ma vie, je ne l'ai trouvé que dans les règles du plateau."

En 2022 j'apprends l'existence de ce livre par la radio et Christophe Bier.

Je découvre que mon éclaireur Chaton Marmot de SC connait le livre de ce François Jonquet (que j'ai confondu avec Thierry...) et le conseille aussi.

(et au passage, je découvre que ce chaton marmot est artiste 'sur' SC...je n'ai pas encore exploré cette piste que je ne découvre qu'à l'occasion de ce texte^^).

Au début de ma cinéphilie, j'allais tout voir, quasi au hasard.

Donc sans aucun mérite, j'ai vu en salle sans tout comprendre du tout 'La comédie de dieu' d'où je sortais ravi et très pressé de raconter que j'avais eu la joie de croiser un personnage étant "collectionneur de poils"...sans penser que ma famille et camarades de classe, me trouveraient bizarre et déviant.

J'ai bien plus tard été convaincu, des années lointaines après, que ce collectionneur était joué par Daniel Emilfork. Or c'était un Joao Cesar Monteiro, le réalisateur de 'la Comédie de Dieu'.

Confusion donnant raison aux stars et pèlerins du site SC que ma cinéphilie et amour des films ne sont qu'approximations et confusions etc. (atteintes d'une sorte de Pierre Repp-ïte).

Pour ma défense, Emilfork et Monteiro se ressemblent, quoique le premier pourrait aussi être le frère de Brigitte Fontaine (similitude repérée par ...chaton marmot).

Il a aussi des airs des momies d'Egyptiens aidant Adèle Blanc-Sec dans la version de Luc Besson.

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Tout ça pour dire que Daniel Emilfork n'a donc PAS joué un collectionneur de poils de cul.

Il est surtout connu pour son rôle de voleur de rêves d'enfants dans le film de Jean Pierre Jeunet 'La Cité des enfants perdus'.

Dont "tout l'argent" du cachet serait allé pour les soins et frais d'hôpitaux de la mère de leur fille.

Cachet "très mal négocié" par son agent. Et même quand il ne jouait pas, il devait faire sa "propre doublure lumière (...) J'étais épuisé, épuisé."

Je le découvre extrêmement cultivé, passionnant, et expert de Shakespeare dont il obsédait avant de mourir et rêvait de jouer ses Sonnets sur scène dans une meilleure traduction.

Car il est aussi expert en anglais et professeur d'anglais (comme je crois notre Aurea de SC ^^...lien entre Emilfork et elle, pas évident du tout ^^)

Il a des rayons entiers de livres consacrés à l'Angleterre, et "à l'époque élisabéthaine (pour mieux jouer) les Sonnets de Shakespeare".

Je découvre qu'il a fait beaucoup de théâtre.

Patrice Chéreau lui aurait même "demandé de le diriger dans Richard II"! ...car Emilfork s'occupait un temps de l' école de Patrice Chéreau:

"Mais dans cette école, il y avait des "fils de ", des élèves qui se comportaient mal. Qui méprisaient le personnel, qui n'adressaient pas un regard à un garçon ou fille qui leur apportaient la nourriture au restaurant. Un comportement indigne qui ne peut pas être celui d'une personne de théâtre. Alors j'ai démissionné."

Il s'occupait de l'école de Patrice Chéreau avec une "Denise" avec qui il aura une fille, Fanny.

Il raconte avoir revue "Denise" sur arte "dans un film de Stanley Donen":

"Denise a eu une fin terrible. Heureusement, elle vivait avec une femme peintre."

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Il me semble parfois susceptible ou émotif.

Par exemple, pour une pièce, il n'a pas supporté que le metteur en scène lui demande d'entrer en scène et s'exposer "trois quarts d'heure avant que la pièce commence"...(car) "des gens me touchaient".

(je ne connais bien sûr pas encore cette pièce, qui se révèle être un spectacle de danse d'un François Verret, non cité dans le livre).

En autre pièce et metteur en scène, Luchino Visconti l'a dirigé aux côtés de Romy Schneider et Alain Delon dans 'Dommage qu'elle soit un putain' où encore un frère aime sa soeur! :

"la pièce n'a pas tenu trois semaines à l'affiche! ça a été catastrophique ! Parce que Visconti avait les yeux vissés sur ses figurants et eux seuls. Qui étaient tous () tous beaux, c'est vrai. Il n'avait d'yeux que pour le cul de ces beaux diables. Les répétitions étaient très très difficile, Visconti n'était pas vraiment là."

Plus tard, il sous entend que des acteurs gays étaient inquiets d'être invités tout seul à passer un week-end avec Visconti et Delon....ils demandaient à Emilfork s'ils devaient y aller:

"Le climat des répétitions étaient épouvantable, c'était de pire en pire. Un jour, un figurant est venu me trouver dans ma loge et il m'a dit: "Visconti et Delon m'ont invité pour le week-end", il était inquiet, il ne savait pas quoi faire. Je lui ai dit: "Si vous y allez, vous savez ce qui vous attend!"

Rien à voir (quoique...), j'apprend qu'Emilfork a aussi joué un bossu aux moeurs douteuses dans justement 'Le Casanova' de Fellini où "il se travestit en libellule lubrique".

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Il prétend avoir peu été sensible à l'argent payé mais plus à sa place dans le générique ou sur l'affiche...par exemple, il s'extasie que pour la série et version de José Dayan des Rois maudits:

"TOUT le cinéma français défilait en colonnes , avec leur nom minuscule, et à la fin de cette litanie: Avec / la / participation / exceptionnelle/ de Daniel Emilfork (il égrène les mots)" ...."C'est une chose que vous devez savoir, François: les acteurs sont trop préoccupés d'eux-mêmes".

Je l'écoute et j'ai envie de lui dire: 'tu m'étonnes' comme disait sans arrêt un personnage chez Edika. D'ailleurs Emilfork me rappelle la tête et expressions de certains personnages d' Edika.

Puis il me donne envie de chercher et voir un film quand il dit:

"Je vais bientôt jouer une scène avec Marielle. Un médecin fou qui doit inspecter la prostate de Marielle. UNE SCENE. A l'unique condition d'être aussi bien affiché que lui. C'est dans le contrat. (...). Je joue un médecin fou, un médecin militaire."

En plus de ce film avec Marielle (si fait), je découvre aussi qu'un journaliste lui donnait des livres sur Louis XIV car il voulait lui en faire jouer "sa mort"? Est-ce ce qui est devenu le film sans lui: La mort de Louis XIV? Rôle qu'il ne voulait pas, et pas que pour des raisons physiques:

"Ce n'est pas mon histoire. Je suis venu en France pour Proust, pas pour Louis XIV! Du fond du Chili, je rêvais du pays merveilleux où avait vécu Proust. C'est pour cette unique raison que j'ai grimpé un jour sans un sou sur ce cargo qui partait pour la France. Sans un sous. Et pas pour l'Angleterre ou les Etats-Unis, alors que j'étais professeur d'Anglais et que je ne parlais pas un mot de Français ! ...
"...J'ai été si déçu lorsque je me suis rendu compte que fort peu de Français avaient lu Proust! Vous savez, François,, le monde se divise en merdes et en sous-merdes : les merdes ont lu Proust, les sous-merdes, non."

Lui et son amour de Proust motivant son voyage ici, me font penser à ces Japonais qui viennent à Paris suite à ...Amélie Poulain et sont déçus.

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Page 31, on découvre que celui au chevet de la fin de vie de ce grand acteur se révèle être en fort possible fin de vie aussi...et là, le livre et chorégraphie entre les deux deviennent fascinants (en tout cas, lors de cette première lecture)...l'apparent quasi aidant et fan, qui me semblait presque faire une faveur à un acteur méconnu, devient l'aidé...et le livre cinéphile devient comme dialogue philosophique entre un malade et un vieil ange chauve.

Je finis le livre pendant l'inoubliable octobre 2023 et ses immondes pogroms, or un passage m'apprend qu'Emilfork est juif:

_"Vous savez, François, je suis juif, et cela me donne une peu panique de la police. (...) je traverse toujours entre les clous. Et pourtant, je sais si peu du judaïsme, le peu que je sais, je l'ai appris pour une pièce , quand je jouais le vieux rabbin de 'Zalmen ou la folie de Dieu'. Je ne suis jamais allé dans une synagogue , jamais."

(je découvre après que c'était écrit par Elie Wiesel).

Pogroms et haine anti juifs d'octobre 2023 dont la répétition me semble soudain faire écho justement à celle du même dessin qu'Emilfork dit faire depuis des années sans comprendre pourquoi: "Regardez, ce sont des dessins d'il y a huit ans (...) Je dessine tous les jours, c'est le même, toujours (...)"

En plus drôle, j'aime, quasi en mode Louis de Funès, ce qu'il aurait répondu à Robbe-Grillet le trouvant laid et lui disant, "Finalement, Emilfork, vous avez une sacrée gueule de gangster...":

"Quand vos ancêtres grimpaient encore aux arbres, les miens lisaient le Talmud" (...) "C'est une idiotie totale : un gangster ne peut avoir ma gueule, il serait repéré tous les deux mètres et passerait sa vie en prison." (...) "Je suis un rastaquouère et j'ai l'outrecuidance de vous dire à vous, François, vous qu'on ne peut pas faire plus français, parce que contrairement à beaucoup de vos compatriotes, vous êtes français, de part et d'autre, je veux dire de votre père et de votre mère, depuis la nuit des temps. Je vous dis que vous, les Français, vous vous pensez cartésiens, eh bien, c'est assez faux."

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Deux autres chose que m'apprend ce livre:

1) je découvre le "sourire de l'ange de Reims": c'est dans un court très beau et fort chapitre sur les souvenirs de chambre d'hôpital de l'auteur et de l'aide et soutien téléphonique fournies par Daniel Emilfork. J'aimerais savoir écrire sur ce chapitre pour le conseiller mais le mieux est de le lire: un vrai court métrage ou idées de photo, concernant d'autres patients dans la chambre, la nuit, dormant, dont un souriait. Un autre priait.

2) je découvre que la famille Vicuna, "très riche et puissante (...)" a "fondé le Chili", qu'Emilfork a quitté "à vingt-six ans" en restant ami avec cette "famille considérable".

Sa mère était "née en Lituanie, qu'elle avait fuie pour la Russie (...)" puis ses parents ont à nouveau fui "les pogroms pour le Chili".

Je conseille aussi les pages où Emilfork raconte son court retour et séjour, plutôt (trop) improvisé, au Chili, alors qu'il est fragile. Il le fait grâce à de l'argent de rien de moins que François-Marie Banier... qui avait vendu des photos prises d'Emilfork sans trop le rémunérer.

Il est très déçu de ce retour où il ne voit personne de la famille Vicuna, et n'aura "parlé qu'à des clochards":

mais "Vous savez, François, la dernière fois que j'ai vu Teresa, elle était presque sur son lit de mort, elle était très faible. Elle a chanté Plaisir d'amour, elle l'a merveilleusement chanté. Et elle a dit: "Les Yankees et les juifs ont ruiné notre pays". J'ai compris que ces gens, qui m'avaient tout donné, qui m'avaient adopté, eh bien, ces gens ne m'avaient jamais pris pour une vraie personne."...c'est horrible mais quand je visualise cette scène, je ne peux m'empêcher de sourire tant je pense à un sketch des Monty Pythons où une très gentille femme de ménage chantonne puis se révèle une ordure antisémite avant que le journaliste n'ait eu le temps de l'arrêter. (je la verrais bien interpréter par mon Hélène Vincent).

Je découvre ensuite qu'apparemment cette Teresa Vicuna lui a survécu, était sculptrice reconnue, et a 100 ans en 2023...

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"Et ce qui fait que vous et moi, nous sommes assis face à face et nous nous entendons à merveille alors que nous venons des antipodes de l'univers, c'est le pouvoir de l'Occident" (dit Daniel Emilfork, qui vient "de très loin (...) né dans un milieu très très modeste", à François Jonquet, né "sur des terres à lui (...grandissant) au milieu de meubles hérités (...) dans un monde qui a encore un pied dans le dix-neuvième siècle (...) La bourgeoisie (marquant) au fer rouge ses enfants".)

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le 22 déc. 2023

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