Adèle a tout pour être heureuse : un job de journaliste qui la laisse assez libre, un mari médecin, doux et intelligent, qui l’aime et un fils de quatre ans. Mais voilà, Adèle s’ennuie dans sa petite vie, dans cette petite mort. Et Adèle veut exister, elle veut vivre à cent à l’heure, elle veut sentir le regard des hommes, elle veut obnubiler leurs pensées. Elle veut être désirée, touchée, déchirée, remplie de sperme pour noyer son angoisse. Et elle couche avec le tout-venant.
Mais qu’on se détrompe, comme d’autres ont le vin triste, Adèle a surtout le sexe triste. Car elle est taraudée par le remords, par le dégoût aussi, et par le qu’en dira-t-on. Et puis sa quête est peut-être trop fondamentale, trop essentielle pour être comblée par des aventures sans lendemain.
C’est un roman intéressant car écrit par une femme sur la conception d’une femme sur le sexe, et peut-être à mettre en relation avec le film « Nymphomaniac » de Lars Von Trier. Il pose aussi les questions du comment exister (et jusqu’où aller) dans le regard de l’autre, du comment tromper l’ennui et donner un sens à notre vie. Et aussi de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller pour assurer le bonheur de celui/celle qu’on aime, bonheur qui peut aller à l’encontre de cet amour ….
C’est un roman ambigu, et foncièrement pessimiste. Tout est dit dans la première scène, qui se retrouvera en écho dans la dernière scène, le désespoir en plus. Et c’est donc un roman difficile à lire, difficile à « supporter ». Sans compter que l’on perçoit très bien l’ennui de la vie d’Adèle. Je regrette néanmoins le style froid, impersonnel, trop factuel à mon goût, ce qui m’a empêché d’éprouver des sentiments, des émotions pour les protagonistes, pour ce mari trompé qui pardonne, pour cette pauvre petite fille triste – qu’Adèle est restée – qui n’a trouvé comme moyen d’exister que son ventre. Quelques perles sont nichées çà et là, mais malheureusement noyées dans la masse.