Plus de 20 ans que Dolorès Driscoll est conductrice du car scolaire à Sam Dent, petite bourgade de l’Etat de New York. Son bus, elle le connait mieux que personne, c’est d’ailleurs elle qui s’occupe de l’entretien, va jusqu’à garer le véhicule dans son propre garage.
Par un matin glacial alors qu’elle récupère tour à tour les enfants, la neige s’est mise à tomber mais rien de quoi effrayer Dolorès, des décennies qu’elle sillonne les routes. Jusqu’à ce qu’elle croit apercevoir un chien traverser la route et l’inévitable se produit. Une sortie de route et le bus plonge dans une eau glacée. 34 enfants étaient à bord, 14 ont péris dans l’accident, 8 familles touchées.
A travers 4 voix, chacun va nous donner sa vision de l’accident…
Il y a tout d’abord Dolorès Driscoll, la conductrice que tout le monde apprécie. Lorsqu’elle ne conduit pas “son” bus, Dolorès donne un coup de main pour distribuer le courrier. Un revenu supplémentaire pour celle qui doit subvenir aux besoins de la famille depuis que Abbott, son mari est devenu invalide suite à une attaque.
Il y a Billy Ansel, ex-vétéran devenu garagiste, veuf et père de deux jumeaux qui ont péri dans l’accident. Lui, il a assisté à l’accident car il suivait comme chaque matin le bus pour se rendre à son garage.
Et puis Mitchell Stephens, avocat fortuné tout droit venu de New York pour trouver un responsable, rendre justice à la colère des familles et enfin, Nicole Burnell, la baby-sitter attitrée du village, prédestinée à être la future Miss New York, rescapée de l’accident mais qui doit désormais vivre dans un fauteuil roulant.
Derrière les apparences, certains cachent l’inavouable…
Cette tragédie nous permet de rencontrer chacun de ces protagonistes qui va se livrer sur sa vie d’avant et d’après l’accident. Chacun avec sa douleur va tenter de vivre avec ce qu’il a perdu.
Un roman noir plein de pudeur et de justesse. Pas de voyeurisme malsain, pas de profusion de larmoyant, juste la nature humaine et les faits ; où le paradoxe imagé de toute cette tragédie va finir par se croiser avec l’épilogue de toute cette histoire, qui résume presque à lui seul le drame qui a touché cette petite ville et la vie de ces habitants après l’accident.
On oublie rapidement que Russell Banks nous relate la vie de ces quatre personnages tant il se met dans la peau de ses derniers.
Un roman qui peut rappeler à certains Jake de Bryan Reardon avec cette thématique des parents touchés par la tragédie de la perte d’un enfant.
Personnellement et contrairement à la quatrième de couverture, je n’ai pas ressenti une recherche particulière de coupable, mais plutôt des tranches de vies brisées qui tentent malgré tout de vivre malgré leur perte, et dont cet accident va libérer le déni dans lequel ils ont chacun enfermé leur part d’ombre.