"Et dix milliards de sushi hurlent vengeance"
Dans ce livre, il y a toutes les blagues et tous les délires du monde. Même ceux que tu n'aurais pas pensé à faire. ⚔ Il y a quatre...
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le 9 janv. 2012
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On me disait beaucoup de bien de Pratchett et Gaiman, que je ne connaissais pas du tout, et notamment de ce livre, j'ai donc pensé qu'il serait idéal pour les découvrir. On m'avait dit aussi que c'était vachement bien écrit et bourré de blagues et de jeux de mots, du coup je l'ai acheté en anglais. Étonnamment, je suis déçu.
D'abord je précise que ce livre, c'est loin d'être de la merde. Je pense que ça dépend de ce qu'on lui demande : si on veut se marrer sur la religion (ou se marrer en général), on a frappé à la bonne porte, Pratchett est là. Si on veut un style percutant, cynique, on a frappé à la bonne porte. Gaiman est là.
On notera également la qualité des personnages, tous très vivants, tous comiques. Les 4 Cavaliers de l'Apocalypse notamment pètent la classe. Bon par contre les 4 autres Hell's Angels sont inutiles (complètement) et inintéressants. Et les "Them" sont insupportables de mon points de vue, et notamment leur façon de parler avec des tournures de langage lourdes, pas enfantines pour un sou, et pas drôles non plus. Enfin, globalement, les présentations des personnages sont très belles, on sent qu'ils aiment ça, on regretterait presque que la plupart ne servent pas à grand chose.¹ Crowley (Rampa en français à ce que j'ai compris) et Aziraphale sont assez intéressants pour leur non-manichéisme, même si Aziraphale en devient un peu plat.
Bon, attaquons-nous au plus gros, l'humour. Car si je savais que c'était comique, on ne m'avait pas prévenu que c'était le but du roman (les auteurs l'avouent eux-mêmes : leur but était de faire rire l'autre). Il y en a globalement deux types dans Good Omens. Le premier est le comique de situation : des personnages typés se retrouvent dans des situations improbables. On se souviendra notamment de l'inversion des bébés, ou de Hastur piégé dans la ligne téléphonique. On oubliera l'attaque des pin's sur Shadwell ou les éternelles niaiseries des "Them".
Le deuxième est dans la façon d'écrire, ironique voire cynique des auteurs. Si on se surprend parfois à sourire, le schéma est globalement toujours le même. Une citation-type (parfois c'est mieux, mais celle-là est vraiment typique) :
Everybody was cold and wet, and puzzled, and irritable, with the exception of one police officer, who was cold, wet, puzzled, irritable, and exasperated.
C'est simple, ce type de phrase, ça fait sourire une fois, mais au bout de cinquante, c'est juste lourd comme structure. Cette ironie se trouve aussi dans les notes de bas de page, ce qui m'amène au style du livre.
C'est très réussi. Je veux dire, on a deux auteurs qui manifestement savent écrire, et bien. Et il est rare de lire un roman écrit à deux sans repérer d'incohérences, de différences de ton dérangeantes. Les deux styles se complètent bien. De ce côté rien à dire, à part les notes de bas de page. Elle sont parfois drôles, parfois inintéressantes, mais presque systématiquement elles viennent casser le rythme², nous couper le fil de la lecture. Dommage.
Le scénario lui, s'il paraît complètement WTF jusqu'à environ 70 pages avant la fin, est en fait plutôt bien ficelé, logique, avec une fin cool. Il est juste beaucoup trop étiré. Je veux dire, avec le postulat de base³, on pouvait écrire un roman très intéressant de 100 pages, un roman un peu plus riche de 200. Mais là dans les 400 pages on a un gros ventre mou qui ne va nulle part, just for lulz, avec les aliens et les tibétains, Newt et Shadwell...
Je me suis même demandé à un moment si je devais finir le bouquin (et pourtant je finis toujours mes livres !), car la lecture était vraiment fastidieuse et peu engageante... Peut-être parce que je l'ai lu en anglais et que c'est pas ma langue maternelle, mais c'est pas le premier que je lis en anglais (le Seigneur des Anneaux notamment, réputé pour être ardu, était passé plus facilement) et c'est la première fois qu'un bouquin m'a ennuyé comme ça.
En fait le scénario est souvent tout entier au service de l'humour, et c'est tout simplement pas ce que je cherchais dans le livre.
Je suppose qu'on doit tous avoir un rendez-vous manqué avec un classique d'un genre qu'on affectionne particulièrement, eh ben pour moi ça sera Good Omens.
¹Warlock ou les "quatre autres horsemen" notamment auraient allégé le roman de leur absence.
²Vous voyez ?
³En fait je vous accorde que le concept de base était sympa, le serpent du jardin d'Eden devenant le célèbre Aleister Crowley (celui de la chanson d'Ozzy Osbourne !), puis d'autres Crowley encore (en anglais, "to crawl"=ramper, d'où le jeu de mot huhu). Et puis, le plan ineffable dont ferait partie l'Enfer, et les espèces d'agents infiltrés, tout ça. C'est chiant les notes hein ?
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Créée
le 3 juil. 2013
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