De force de Karine Giebel, présentation
Maud est en train de se promener avec son chien Charly. Elle croise un jogger. Arrivée dans un endroit un peu trop isolé, elle se fait agresser par un homme qui tente de la violer. Mais elle est sauvée par Luc qui l’emmène de suite à l’hôpital, en état de choc.
Luc attend les parents et il rencontre le père de Maud qui souhaite le payer pour avoir sauvé sa fille. Luc refuse mais accepte d’être le garde du corps de Maud et donc de la famille. Il s’installera dans la grande villa du chirurgien et découvrira des secrets de famille.
Avis De force de Karine Giebel
Je me suis interrogée, pendant quelques pages, pour savoir qui était cet homme du début. Luc, le garde du corps, ou alors, cet homme qui a agressé Maud et qui semble en vouloir à son père ? La réponse est donnée assez vite par Karine Giebel, mais elle nous laisse une sacrée surprise. Car la romancière sait, à merveille, embrouiller son lecteur. Qu’a pu faire Luc pour que Marianne, sa petite amie, parte ? Cela semble vraiment le mettre plus que mal à l’aise. Mais cette jeune femme est là pour le calmer, pour lui permettre d’avancer. Il sait qu’il n’est qu’un employé mais il saura se rendre indispensable pour démêler le vrai du faux, pour que son patron se dévoile un tant soit peu, afin de résoudre cette histoire de dates et d’agressions.
Un grand chirurgien qui tient sa famille d’une main de fer, auteur de malversations au sein de sa clinique. Et dans sa famille, n’en parlons pas. Il a l’argent, le pouvoir, mais c’est un personnage franchement détestable. Il a fait plier tout le monde, pendant toute sa carrière. Personne ne doit se mettre en travers de son chemin. Il pense qu’avec de l’argent, tout se paie. Les femmes comme un fer valoir, pour garder un statut de responsabilité et de respectabilité. Mais derrière les hauts murs de la villa se cachent des drames. Son talon d’Achille est sa fille Maud dont il ne veut absolument pas se séparer. Une relation que l’on pourrait qualifier d’incestueuse. J’ai bien aimé la relation qu’il semble avoir tissé avec Luc, surtout lorsqu’il connaîtra la vérité.
Maud a subi un grand traumatisme avec la mort de sa mère dont elle se rend responsable. On pourrait la qualifier de pauvre petite fille riche. Mais cela va beaucoup plus loin que ça. Alors, oui, bien sûr, elle a profité de la fortune de son père. Elle s’est cherchée mais pas encore trouvée. Elle a fait des erreurs d’adolescente, plongeant dans l’enfer de la drogue. Elle n’aime pas sa belle-mère qui lui a volé l’amour de son père. Elle tombe très vite amoureuse de son garde du corps, Luc. Mais lui ne peut pas l’encourager. Il peut juste l’aider, être son ami, tenter de la sauver du mal-être qui la ronge pour en faire une jeune femme plus forte qui devra faire face à une vérité horrible pour ensuite se construire, seule, sans l’aide de personne, mais avec le souvenir de ce qu’elle a vécu.
Le début de De force n’est pas aussi intense que les romans précédemment lus de Karine Giebel. J’ai trouvé certains dialogues convenus, pas assez fouillés, travaillés, qui ne sont pas dans la veine de ce que j’ai pu lire de Karine Giebel auparavant. Un dernier 3/4 de roman mené tambour battant avec toutes les révélations, qui peuvent surprendre mais en définitive ne surprennent pas tant que ça. La tension n’a jamais été très forte, malgré les menaces, les agressions subies.
Quand on aime beaucoup un auteur, on n’aime pas forcément tous ses livres. Celui-là en fait partie parmi tous les romans de Karine Giebel, surtout après le magnifique Glen Affric et le non moins dérangeant, Ce que tu as fait de moi, même si j’en ai lu entretemps pour rattraper mon retard. De force se laisse, bien sûr, lire très facilement, grâce à ses chapitres courts, mais ce n’est pas un coup de coeur. Le seul personnage qui trouve grâce à mes yeux est celui de Luc parce que le lecteur se demande ce qu’il a réellement subi, quels sont ses traumatismes.