Ce roman de Stephen King peut presque être lu comme un thriller classique, comme on en trouve partout ailleurs, avec l'intervention toutefois d'un certain élément fantastique de second plan. John Smith, un homme bien ordinaire comme le suggère le nom que l'auteur lui a choisi, mais qui possède le don de prédire l'avenir. Don que l'entourage du pauvre homme est amené à douter, alors que Stephen King ne laisse planer aucun doute dans l'esprit du lecteur. Ce qui en un sens a tendance à affaiblir le récit, mais dans un autre lui donne plus de force.

La plus grande partie de l'histoire suit John Smith, avant et après son accident, son appréhension de son nouveau don. King prend aussi le temps de mettre en place deux intrigues secondaires qui vont par la suite se lier étroitement au destin de son personnage principal: un serial killer (*Dum!*) dans la ville de Castle Rock et la popularité montante d'un politicien pas très catholique.
C'est d'ailleurs dans ce roman qu'est née la ville de Castle Rock, ville qui apparaitra ensuite dans plusieurs des romans et nouvelles de Stephen King.

Ce roman se distingue du reste de l'œuvre de Stephen King, de romans tout du moins, dans la longueur et le rythme de l'histoire: tout va très vite. C'est une bonne chose si l'on cherche une histoire vite torchée, mais une mauvaise car l'on ne s'attache pas à 100% au personnage de John Smith, on a pas le temps! Et quand ça arrive finalement c'est presque trop tard. Et c'est la première fois (et j'espère la dernière), mais l'adaptation au cinéma de Cronenberg avec Christopher Walken dans le rôle de John Smith réussira mieux à nous faire ressentir de l'empathie pour son personnage principal.

Malgré qu'il soit l'un des livres les plus faibles de l'auteur, il a le mérite, comme son plus récent livre politico-timey-wimey, de poser les bonnes questions. On peut prendre ce court roman comme une sorte de test que s'est imposé Stephen King. Test qu'il passe ici avec un succès relatif (mention peut mieux faire), et qu'il repassera bien longtemps après, en 2011, avec 11/22/63 qui récolte un 20/20 (mention excellent!).
Les deux histoires, bien que diamétralement opposées dans la forme, ont de nombreux points communs dans le fond (trame, personnage, problématique). On peut donc voir 11/22/63 comme une forme aboutie de The Dead Zone, une version plus mature où Stephen King prouve qu'il a su évoluer et gommer la majorité des défauts du premier roman.

Il reste tout de même une lecture plus qu'agréable, je le conseille sans crainte!

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le 20 janv. 2012

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