Décidément, il a disparu l'Irving qui transbahutait avec ses histoires un peu rocambolesques, mais toutes tendres.
Lecture laborieuse.
Ces allers-retours qui bouleversent la chronologie de l'histoire ne sont pas pour aider à la légèreté : du coup, y'a des répétitions, des mélanges, des pertes. On ne sait plus toujours où on est et pourquoi on y est.
Quelques moments très chouettes, mais globalement ça tire en longueur pour pas grand chose.
Et surtout, pas de personnage comme il savait si bien faire, à les suivre pas à pas, à avoir peur pour eux, à sentir leurs premiers émois. Les personnages sont trop vite zappés, soit par le peu de pages, soit par le côté chronologique bordélique qui ne leur donne qu'un aspect anecdotique.
C'était loooong.
Parce que répétitif.
Parce qu'il parle trop de la "pauvre condition d'écrivain célèbre" : les paparazzi, les galères à trouver le bon mot, la bonne phrase (encore que ça, c'est intéressant), et surtout, il passe du temps à nous parler des livres qu'il écrit, des histoires, de leurs différences avec la vraie vie de l'écrivain... et c'est complètement inutile de creuser aussi loin. C'est redondant.
Et si c'est en effet bien politisé à casser du sucre sur le gouvernement américain, c'est tout de même facile, superficiel, et n'apporte pas bien grand chose. Juste que ça met en avant un état d'esprit de l'intello bobo de gauche... mou politique mais pacifiste du fond de sa hutte.
Une écriture qui reste fluide, ce qui permet de ne pas ronchonner pendant la lecture, mais qui ne creuse pas assez pour accrocher réellement... et vu que l'histoire se rabâche, ça devient insuffisant pour "se lire tout seul".
Dommage.
Parce qu'on trouve des tas d'éléments qui font qu'Irving est un auteur qui plaît : humanité, chouettes histoires, des personnages vite identifiés, un peu originaux, brutaux mais attachants. Un peu de folie (mais vraiment pas trop trop comparé aux premiers livres).
Ici c'est surtout triste, mélancolique, nostalgique. Il se fait vieux Irving. Il ne parle que de gens qui meurent, qui partent, qui disparaissent. De deuils, d'espoirs perdus. Et je trouve qu'il n'est pas très doué là-dedans. Ça fait limite le vieux grand-père qui te radote ses vieilles histoires, qui les mélangent entre elles, et qui essayent de s'accrocher à ses souvenirs alors qu'ils lui échappent. Et une soirée, c'est sympa le papi ; un week-end de coupure avec le monde, ça passe encore ; mais après plusieurs jours, ça donne envie de hurler : "mais fait quelque chose !"
Un vrai gros bof, donc, au final, qui me dit que vraiment : Irving, c'était mieux avant.