"Tiens Pierre Desproges a écrit un roman ?" Me suis-je dis en regardant ce livre qui traînait sur une étagère de mon rb'nb entre une pièce de Corneille et deux tomes de l'Idiot de Dostoïevski (au moins mon hôte avait le sens du rangement alphabétique.) Moi qui pensais bien connaître la vie de l'auteur de Monsieur Cyclopéde, je m'aperçois qu'il a eu une carrière de romancier s'il fallait en croire l'exemplaire antédiluvien, cabossé par le temps, pourri par une odeur de moisissure et illustré par une couverture de Sempé.
Le résumé étant volontairement abscons, et le bouquin peu long (150 pages) je l'entamais donc. Par la ferveur du fameux "syndrome de la chambre d'hôtel" j'ai tout fini en une nuit et une matinée. Et je dois maintenant l'avouer si la carrière de romancier de Desproges fut aussi courte que peu médiatisée c'est parce que... c'était pas terrible.
Déjà parce que la prose de Desproges est faite pour la déclamation a voix haute. Quiconque ayant lu sur papier les transcriptions écrites de ses meilleures plaidoirie du Tribunal des Flagrants délire ou du Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis le savent : on se perd un peu. Desproges adorent les phrases longues qui se perdent en circonvolutions avec des jeux de mots et des effets littéraires et autant a l'oral ça donne l'impression de voir un équilibriste des phrases, autant a l'écrit le lecteur de perd est agacé par ces phrases qui n'aboutissent sur rien. Mais il y a du style et pas mal de phrases sont même incroyablement bien trouvées.
Ensuite parce qu'on sent que Desproges ne sait pas trop où il veut aller
et globalement après un début laborieux mais original, je me suis retrouvé à accrocher à cette histoire, avant de m'apercevoir petit à petit à partir du milieu du roman que celle-ci ne va nulle part. Parce que le livre est construit sur un polar qui consiste à savoir pourquoi les femmes d'une petite ville située entre le Limousin et le Perigord meurent les unes après les autres.
Je n'arrive pas à comprendre les gens qui mette un 5/5 à ce livre en disant qu'ils sont morts de rire,tant c'est visiblement un livre écrit par un dépressif. Car en dehors des périphrases et des tournures marrantes, l'histoire raconté fait preuve d'un humour noir assez déstabilisant dans lequel pas mal de choses très badantes sont écrites : un charnier y est vu comme un amas de chair et un handicapé mental et moteur y est décrit avec abondances de métaphores sur l'inutilité de son existence Je ne pense pas que Desproges était handicaphobe, mais pris en dehors de leur contexte certaines phrases de ce texte sont sans doute les plus insultante qu'il ai jamais été écrite sur le handicap.
L'humour noir, ça marche souvent quand ça s'abat sur des personnages ridicules voire détestable et j'ai l'impression que Desproges au lieu de cela s'est mis à bien aimé ses personnages. Son héros est un medecin qui noie son dégout de la vie dans l'alcool mais qui est fondamentalement un type bien qui soigne les paysans gratuitement, on y trouve sa femme, une quadra à la sexualité libre, plutôt intelligente et fanche. (D'ailleurs fait notable, les quelques femmes qui ont des roles actifs dans le roman sont souvent assez libéré.) Et dans le lot Desproges à placé un journaliste amateur des bons mots qui est un peu un avatar de lui même. Tous y trouvent des morts atroces qui m'ont absolument pas fait rire.
A un moment j'étais prêt à accepter la nature tragique du roman et son côté très gris planqué sous des couches de bons mots... et c'est là qu'est arrivé la seconde partie du roman à savoir...
l'arrivé d'un extra-terrestre métaphorme qui bouffe des voitures et qui a pour but d'exterminer l'humanité en faisant en sorte que les piqûres de moustiques poussent les femmes au suicide. Ha bah, vous avez cliqué sur le bandeau spoiler vous en avez pour votre argent.
Et ça devient un récit rocambolesque qui ne sait visiblement plus où il va, avec des mauvaise idées qui sortent de nulle part,
Notamment tout le passage où l'extraterrestre tente de coucher avec le héros. C'est vraiment sans intérêt, relou et sans doute
Le pire, c'est que les 20 dernières pages du romans partent sur un plan qui se finit en eau de boudin :
Catherine cherche à se sauver du village avec la complicité du curé. Un moustique se retrouve dans son caisson ce qui sous-entend que tout ce qu'ils ont fait ne sert à rien. On ne saura pas si elle fini par se suicider et on ne connaitra jamais le sort de l'humanité. Démerdez vous
A vrai dire, j'ai résumé le livre à ma compagne après l'avoir lu et elle m'a dit "mais c'est nul." Et purée, rien que pour cette deuxième partie de roman, je suis vraiment déçu d'avoir lu ça et de ne pas avoir passé mon temps à faire autre chose.