Des lendemains qui chantent par Christlbouquine

Le public de l’Opéra-Comique est totalement bluffé en cette soirée de 1935. Leurs oreilles viennent d’entendre la voix d’un jeune ténor inconnu qui a tout simplement éclipsé le rôle-titre du Rigoletto de Verdi. Qui est-il ? D’où vient-il ? Bientôt, le nom d’Elio Leone est sur toutes les lèvres et les plus grands théâtres se l’arrachent. Mais la guerre va totalement changer la destinée du jeune homme.

Quel sublime roman que ce récit ! Alexia Stresi a l’art et la manière de faire alterner les émotions et de nous conter le destin d’Elio, de sa naissance en Italie en 1912 jusqu’à sa mort en 1972. Le destin hors norme d’un personnage attachant qui aura la chance de faire des rencontres marquantes qui le conduiront sur les chemins de la gloire et qui feront basculer plusieurs fois le fil de sa vie.

Car la vie d’Elio est loin d’être un long fleuve tranquille. Orphelin, il est recueilli dans un orphelinat tenu par des religieuses qui le nomment Elio Abandonnato. Un nom lourd à porter pour l’enfant qui, heureusement, croisera la route d’un directeur d’hôpital, Giuseppe Tropeano, qui va le prendre sous son aile. En grandissant, et en intégrant une chorale organisée par un prêtre, Elio, devenu Leone, va trouver sa voix et sa voie. De rencontres en rencontres, il se retrouvera sur les plus grandes scènes de théâtre, ovationné par tous ceux qui ont la chance d’entendre cette voix en or.

La seconde guerre mondiale met à terme à cette période d’euphorie. A son retour, Elio est totalement changé. Plus question de chanter ni de monter sur scène, ou alors pas en vedette. Et Elio change une nouvelle fois de nom pour devenir Toni, chanteur dans un chœur. Jusqu’à un dernier rebondissement.

Cette fabuleuse histoire, se lit comme un roman d’aventure, dans les pas d’Elio. De l’Italie à la France, en passant par Haïti au cœur d’une époque bousculée qui confronte aussi Elio au fascisme italien et à ses origines. Elle nous raconte l’histoire d’un homme qui possède une force de vie incroyable et qui aura la chance de croiser des personnes bienveillantes, qui sauront se mettre au service de ce talent inné de chanteur.

Le récit est servi par un style plein de dynamisme, lumineux, teinté d’humour. C’est un bel hommage à la musique et notamment à Verdi, à ceux qui la serve et la transmette. Un livre qu’on peine à poser avant de l’avoir achevé.