Dans l’espace, personne ne vous dira la vérité

Destination ténèbres est un huis-clos se déroulant dans un vaisseau spatial, l’Astron, qui a quitté la Terre il y a plusieurs générations afin de trouver une forme de vie dans la galaxie. On suit l’histoire du point de vue de Moineau, un jeune astronaute, qui est victime d’un grave accident au début du livre : à son réveil, il se rend compte qu’il a perdu la mémoire.

Le récit va se concentrer sur deux axes : qui est Moineau et faut-il traverser la Nuit ?

Commençons par les points forts : le roman est très bien écrit et assez plaisant à lire. On s’identifie rapidement à Moineau, qui va essayer de comprendre son passé mais qui va rencontrer sur son chemin beaucoup d’obstacles, à savoir les autres membres de l’équipage. En effet, qu’ils lui soient amicales ou hostiles, Moineau ne parvient pas à obtenir les informations qu’il souhaite. Cela se traduit par un certain isolement du personnage pendant une partie du récit.

L’autre enjeu important de Destination ténèbres, c’est la traversée de la Nuit. En effet, l’Astron a quitté la Terre depuis très longtemps, et sa mission, qui était de trouver de la vie sur une autre planète pouvant potentiellement servir de refuge à l’espèce humaine, est un échec. De nombreuses planètes ont été explorées, et elles se sont toutes révélées hostiles à la vie. Le vaisseau se rapproche d’un immense espace intersidéral vide, la Nuit, dont on estime qu’il faudra plusieurs générations pour le traverser.

Dès lors, l’opposition entre d’un côté le camp du capitaine, qui veut poursuivre la mission et traverser la Nuit ; et de l’autre ceux qui veulent arrêter les frais et rentrer sur Terre, menace l’équilibre précaire du vaisseau.

Tout cela est bien raconté, intéressant, mais il y a quand même un gros problème : est-ce qu’on avait vraiment besoin de plus de 500 pages pour raconter tout ça ?

Destination ténèbres est une nouvelle victime du syndrome de la longueur : encore une histoire qui aurait été bien plus passionnante si l’intrigue avait été davantage resserrée. Je pense qu’en 300 ou 350 pages on pouvait raconter la même chose en expurgeant le superflus et en gardant l’essentiel : cela aurait donné plus de dynamisme et plus de suspens à l’ensemble.

Au lieu de ça, on s’attarde beaucoup trop sur la psychologie des personnages et sur tout un tas d’éléments qui ne font pas avancer l’intrigue.

La qualité d’un roman ne se mesure pas à son nombre de pages, et je constate que beaucoup d’auteurs tombent souvent dans cet excès. Aller directement à l’essentiel n’est pas un défaut, le talent est d’être capable de trouver un équilibre entre donner de l’épaisseur à son récit et à ses personnages sans en faire trop et sans négliger l’intrigue et l’avancement du récit. Et ça, malheureusement, Frank M. Robinson l’a un peu perdu de vue.


Un roman mal rythmé = un roman vite oublié.

Zero70
6
Écrit par

Créée

le 17 avr. 2024

Critique lue 29 fois

Zero70

Écrit par

Critique lue 29 fois

D'autres avis sur Destination ténèbres

Destination ténèbres
Memento_Mori
8

Moineau, Hamlet, Ray et les autres...

A la fois livre de science-fiction et thriller, "Destination ténèbres" est un des rares livres qui a su m'accrocher et m'intéresser de bout en bout. On y suit la quête d'identité de Moineau à bord de...

le 25 déc. 2014

4 j'aime

Destination ténèbres
Lorhkan
8

Critique de Destination ténèbres par Lorhkan

Je dois bien avouer qu'au début j'ai eu peur. Peur du procédé utilisé par l'auteur pour son personnage principal : la perte de mémoire. Cela me semblait vraiment trop artificiel, et ressemblait...

le 19 août 2011

4 j'aime

Destination ténèbres
batman1985
8

Epilogue final malheureux

On peut vraiment parfois remercier la communauté senscritique pour vous aider à faire un choix. On se balade dans le rayon Fantasy - SF d'une librairie, on tombe sur quelques couvertures...

le 11 juin 2014

2 j'aime

Du même critique

L'Étau de Munich
Zero70
6

« Hitler est un gentleman » (Neville Chamberlain)

Un film qui traite des accords de Munich, c’est quelque chose de vraiment inédit. Le sujet ne doit parler à quasiment personne, et même parmi ceux qui connaissent, cela ne signifie pas qu’ils ont une...

le 25 janv. 2022

24 j'aime