Je savais qu'en m'attaquant à ce livre je m'exposais à un sujet douleureux et déprimant. Je me suis donc dit que les vacances étaient le moment opportun pour le lire et contrebalancer la sinistrose qui accompagne sa lecture! Même préparer et même dans les meilleures conditions possibles, cette lecture ne peut laisser de marbre!
Cette seconde lecture de Jean Ziegler, après la haine de l'occident, m'a consterné et révolté. Il commence par une première partie classiquement en définissant ce qu'est la malnutrition (micro et macronutriment) et ses conséquences pathologigiques. Je connaissais déjà la maladie de l'enfant au gros ventre appelé aussi Kwashiorkor résultant d'une sous alimentation en protéine. En revanche, j'ignorais la maladie appelé noma. Celle ci résulte d'un effondrement du système immunitaire provoqué par la malnutrition. Cet effondrement entraine une prolifération des bactéries buccales normalement inoffensives. Ces dernières digèrent les muqueuses et les tissus mous du visage! C'est horrible (faites un tour sur google image en tapant noma si vous avez l'estomac bien accroché).
Après toute l'horreur qu'entraine la malnutrition, l'auteur s'attaque à ceux qui la génèrent et qui en profite! En vrac, nous avons les producteurs agrocarburants, le FMI, la banque mondiale, les tradders...
Le plus révoltant selon moi c'est le double discours que nos politiques ( les politiques des pays industrialisés), souhaitant le développement des pays pauvres mais faisant tout pour qu'ils ne restent. Une stratégie couramment utilisée est l'inondation d'un marché par un produit subventionné sur un marché étranger. Un exemple, la vente d'oranges de Floride subventionnées en Haiti cassant les prix du marché et détruisant la production locale. Une fois détruite, les pays sont dépendants des importations et les prix peuvent augmenter! A ces techniques d'appauvrissment, il faut également ajouter la spéculation sur les denrées alimentaires, la réquisition des sols arables pour produire des agrocarburants finalement plus polluant que le carburant seul, les guerres, les conditions climatiques...
Avant cette lecture, j'avais une mauvaise opinion du capitalisme, à présent j'en suis sûr, le capitalisme ne joue pas en faveur des Hommes mais bien pour quelques un contre tous les autres! Un capitaliste ne peut s'émouvoir de la misère du monde puisqu'il la génère lui-même.
Selon moi, il y a des domaines dans lesquels le libéralisme économique ne doit pas être permis et notamment dans l'alimentation. D'ailleurs, le droit à l'alimentation existe bel et bien dans la charte des droits de l'Homme mais malheureusement, il est le plus bafoué de tous. Même si ce livre est quelque peu déprimant, il ouvre les yeux et les consciences!
Je finirais en paraphrasant ce livre: sur une planète abritant 7 milliards d'êtres humains, un Homme qui meurt de malnutrition alors qu'il est possible d'en nourrir 12 milliards, c'est un meurtre!