Ce que François et Valentin Morel ont réussi à faire, c’est un dictionnaire amoureux vraiment ouvert, sa grande originalité, et pas cloisonné sur une thématique. Le fait que père et fils aient écrit cet ouvrage à deux incite aussi le lecteur à tenter de savoir lequel des deux a écrit une entrée précise mais aussi ce qui l’a motivé à le faire. J’ai beaucoup aimé la liberté de ton, de ne pas jouer le jeu d’un certain académisme encyclopédique mais aussi de choisir comme sujets d’étude des personnalités, des objets anciens ou modernes, la nature ou des expressions.Valentin et François Morel, en voulant ce dictionnaire amoureux fantaisiste, polyvalent et parfois instructif arrive à nous faire demander: l’inutile l’est-il autant que cela? C’est véritablement ce contrepied au thème choisi de ce dictionnaire qui s’avère croustillant car uniquement rabaisser l’inutile aurait forcément été ennuyeux. Le fil rouge du livre, ce sont les anecdotes où Pierre Richard raconte Jean Carmet. Des pépites narratives décrivant de sacrées tranches de vies avec les deux acteurs, où l’art de pousser le jeu à son paroxysme ( l’épisode du train pour Chartres, du magasin de jouet où du maillot de bain entre autres) est dingue.Ajoutons aussi que ce dictionnaire est illustré par l’épouse d’un auteur et la mère de l’autre. Je vous conseille la lecture du Dictionnaire amoureux de l’inutile pour faire un break entre deux romans, pour élargir le champ de vos connaissances mais aussi pour vous prouver que le réel est plus divertissant qu’il ne le paraît. Une focale indispensable en ces temps bouleversés et troublés.