Avec « Direct du cœur », Florence Medina signe, aux Editions Magnard Jeunesse, un beau roman qui interpelle sur ce qui est la réalité profonde des sourds. Sont-ils porteurs de handicap ou de compétences qu’ils sont trop souvent les seuls à maîtriser ? Ont-ils besoin de notre compassion, de notre aide, de notre bienveillance ou sont-ils mieux armés que nous pour comprendre l’autre, le deviner dans ce qu’il est plutôt que ce qu’il dit ?
A la suite d’un choix stratégique de sa mère qui voit là une opportunité pour son fils de regagner quelques points nécessaires pour obtenir le BAC, Timothée débarque dans un monde dont il ignore tout, celui des malentendants. « Galère ! », pense-t-il tout d’abord … mais très vite il s’interroge, se passionne. Il est vrai que l’émoi amoureux de l’adolescent est aussi un moteur. Très vite, il va comprendre que la communication doit se centrer sur l’essentiel. Mais qu’est-ce que l’essentiel pour un adolescent en recherche de lui-même et des autres ?
Avec ce « Direct du cœur », dont je laisse au lecteur le plaisir de découvrir le sens profond, Florence Medina offre un roman jeunesse dont le ton, l’écriture, l’humour et les sautes d’humeurs correspondent bien au public cible. L’ado, à la fois s’y retrouvera mais, aussi et surtout, il y sera invité à découvrir un monde différent, une autre façon d’aborder la vie, les autres, il grandira.
Il serait cependant triste de réserver ce titre à un public jeune. Bien des adultes pourront y découvrir un monde qu’ils ne connaissent pas ou si peu. Un monde que leurs croyances d’adultes ont caricaturé peut-être. Un monde qu’il serait triste de laisser de côté.
Tout le livre, en tant qu’adulte, je me suis surpris plus d’une fois à me dire que le monde de la surdité décrit par l’auteure était aussi la métaphore de la surdité qui existe parfois entre les gens, adultes et jeunes, copains et copines n’ayant ni la même vie, ni le même point de vue sur son essentiel. Le problème n’est pas tant la surdité que la non-communication, le repli sur soi, le refus d’entrer dans le monde de l’autre et les conflits qui en découlent. Le handicap n’existerait-il que quand il n’est pas partagé ? A chacun de construire sa réponse. L’histoire de Tim peut nous y aider.