Le sort de l'ironie
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le 13 déc. 2011
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Il y a deux jours, je suis tombé sur un article fort intéressant (une fois n'est pas coutume) sur le site du très lisse et très politiquement correct Monde.
L'article faisait le point sur le courage du patronat dans la Picardie-Nord-Pas-de-Calais entre les deux tours des élections régionales. Dans une région qui voit le FN monter en flèche à chaque nouvelle élection, l'attitude des patrons détonnent : ils ferment leur gueule.
Tout simplement.
Pas un mot.
Silence radio.
Même ceux qui, à un moment, avaient osé critiqué le parti, reculent en silence, s'excusant presque d'avoir osé ouvrir la bouche, espérant que leurs propos anciens seront tombés dans l'oubli.
L'un des rares qui avaient osé s'exprimer, affirmant ses craintes d'effondrement des marchés d'une région dont le commerce est très basé sur l'international, s'est vu inondé de lettres de protestations.
" Sa sortie dans les médias n’a pas été sans conséquence. Des
consommateurs ont écrit au groupe en menaçant de boycotter les
produits Bonduelle. Des agriculteurs de la région qui fournissent les
usines ont menacé de ne plus les approvisionner en légumes si Bruno
Bonduelle, ou d’autres, prenaient encore position. L’ancien patron se
dit « effondré ». « Ils ont déjà réussi à instaurer la terreur »,
ajoute-t-il."
Il est impressionnant de voir à quel point cet article, s'il dit vrai, vérifie avec exactitude les propos tenus il y a plus de quatre siècles. Nous avons ici des personnes qui, a priori, ne sont pas les plus idiotes du pays, et qui préfèrent fermer leur gueule face à un pouvoir qui n'en est pas encore un, puisque, au jour où j'écris ceci, le FN ne dirige toujours pas cette région. Si on accepte en silence un joug futur qui n'existe pas encore, alors oui, le FN a déjà gagné. Et avec lui tous les fascistes, qui n'auront même plus à abolir la liberté d'expression, puisque nous le faisons nous-mêmes.
Rendons la parole à Étienne :
"Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de
l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente
point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais
de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de
faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont
donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font
malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est
le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant
choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le
joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche.."
Lien vers l'article : http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/09/dans-le-nord-le-silence-terrifiant-des-patrons-face-au-fn_4827761_4640869.html
Texte du Discours de la Servitude Volontaire, en français moderne : http://www.singulier.eu/textes/reference/texte/pdf/servitude.pdf
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Créée
le 11 déc. 2015
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