Ce qui interpelle en premier quand on feuillette Illuminae en librairie, c’est le choix de la forme. Loin du roman classique, sans narration continue, le livre contient une multitude de documents qui nous permettent de suivre l’avancée des choses sur les différents vaisseaux. On retrouve donc en vrac : des conversations retranscrites dans des rapports officiels, des descriptions de vidéos de caméra de surveillance, des échanges d’e-mail ou de communications radios entre les vaisseaux… Il y a un réel soucis du détail et d’authenticité : la typographie change en fonction du type de document dont il s’agit et certains, plus officiels, comportent même un logo réglementaire. Au final, Illuminae se lit autant qu’il se regarde : on y trouve par moments des calligrammes, plusieurs schémas ou notices, et même des lignes de texte qui ondulent sur la page, suivant ainsi le tracé des missiles.
A la question fatidique « Est ce que ça rend la lecture déplaisante ou agaçante ? », je réponds clairement non. C’est déstabilisant au début, durant quelques pages. Puis on se prend au jeu et on ne peut se détacher du livre !
J’ai d’abord été un brin contrariée par le fait qu’on n’apprenne rien sur la situation des humains entre notre époque et le 26ème siècle. J’aurais aimé savoir comme l’espèce humaine en est arrivé à vivre dans l’espace. Est ce par choix ou par contrainte? … Mais le récit débute sur les chapeaux de roues, décrit brièvement l’invasion de la colonie Kerenza par une importante organisation, et nous montre comment une partie des civils parvient à fuir la menace. Bref, on rentre immédiatement dans le vif du sujet et avec du recul, je pense que c’était nécessaire, et qu’après tout, peu importe le « avant ».
Ça commence comme une dystopie classique, comme on en a lu des dizaines, avant de se complexifier. On découvre vite que les héros vont devoir faire face à une menace grandissante au sein des leurs, à une intelligence artificielle franchement instable, et à un virus apporté par l’ennemi…tout ça en ayant toujours le fameux ennemi aux trousses.
Malgré son format particulier, Illuminae offre une bonne dose d’action, pas mal de retournements de situations, et nous permet, étonnamment de nous attacher aux personnages comme on le ferait dans un roman « normal ».
Sa narration inhabituelle et variée le rend très rythmé, et fait de Illuminae un excellent roman de science-fiction jeunesse comme je n’en avais pas lu depuis longtemps ! On ne s’ennuie pas une seule seconde et les 600 pages s’avalent à toute vitesse. Palpitant, en plus d’être original, il pose des questions intéressantes vis à vis des avantages et risques que présentent les intelligences artificielles. J’attends déjà la suite avec impatience !
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