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Not an another love story (between a whore and a prince) / A punk-red-opera by TEV

(Pour ceux qui n'auraient pas la référence du titre, je vous conseil cette magnifique bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=lKVunsvz824)


!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ceci n'est pas une critique !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


                         SPOILS 

Sur les traces d'Arcturuspb, considèrant comme lui que tout lecteur digne de ce nom ayant lu le premier tome va nécessairement tenter l'aventure du deuxième, je ne vois pas l’intérêt de refaire une critique teasing sans spoil pour donner à des lecteurs potentiels l'envie de se plonger dans ce qui est déjà, au bout des 2 tomes publiés, un des tout meilleur romans français des 20 dernières années.


Ceci étant dit, j'ai bien envie de partager mes impressions avec d'autres lecteurs de ce pavé, et il se trouve que j'ai envoyé, en cours de lectures, plusieurs mails à l'auteur (privilège de l'underground, un des auteurs contemporains ayant le plus de chance de rester est plus facilement joignable que pléthore de chiens crevés mondains voués sans aucun doutes aux poubelles de l'histoire ...). Je vous livre donc ici un best-off de l'essentiel de ce que j'ai ressenti en lisant ces trois chapitres, sur le mode de la lettre ouverte à l'auteur, pour garder le ton spontané et la fraîcheur de la réaction à chaud !


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Même à un niveau socio de base, tu trouves toujours le petit style incisif pour rendre ça plus vivant que les stars de la gauche reloue qui ont fait dans l'étude des bourges toute leur vie (un exemple très précis qui illustre ça et que j'aime beaucoup, à la fois drôle et signifiant, où en une vanne tu fais bien sentir l'univers d'enfance de Laure-Anne : "La gamine ultra-protégée qui a grandi dans une immense villa, fréquenté une école où, lorsqu’on croise un Arabe, c’est un riche saoudien – et encore, dans un établissement catholique là-bas, c’est assurément plus que l’exception – et où un prolo, c’est un cadre sup de l’aéronautique qui a commis la folie de s’installer ici juste pour se la péter") mais en plus tu apportes à ce (relativement, il pourrait l'être plus si on me demande ...) traditionnel dévoilement du déterminisme ton regard, ta philosophie, ton acuité propre. J'ai même l'impression qu'on peut dire ça dans l'autre sens, c'est ta lucidité sur les petits mensonges des gens que tu traînes depuis un bail qui te fait considérer, non pas que les individus sont totalement réductibles à leur classe, mais en tout cas qu'une des étapes dans le fait de ne pas se mentir sur soi, à un moment ou un autre, ça passe (aussi) par là. C'est quand même intéressant de voir que loin de te castrer ça t'as réussi à ce point de passer du JE aux gens de tout près, y'a pas mal de moments surprenants, très fins et hyper bons (je pense entre autre à tout le passage où tu compares la gamine capricieuse à la mère qui à part sa fuite maladroite n'a rien su faire de sa vie, j'aime bien ce genre de retournement).


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Beaucoup aimé aussi tout ce qui touche au bar à champagne, tu arrives à démystifier complètement le truc (ça donne pas envie d'y mettre les pieds), tout en conférant malgré ça une aura particulière aux nanas qui bossent là dedans (comme la strip-teaseuse dans le tout début du merveilleux documentaire sur les travailleuses du sexe, on est bien plus attiré par ces nanas là que par une grosse majorité des gens normaux qui occupent longtemps un travail "honnête", et je parle pas d'attirance physique, même pour les entendre détailler leur boulot ou trasher les clients, c'est intelligent et offensif). Vraiment plein de petits détails "boutiques" captivants, certains plus glauques que d'autres, mais on comprend que ton héroïne trouve plus son compte là que dans un taf d'employé de bureau ... et on comprend aussi qu'elle arrive plus à communiquer et même à délirer avec ses nouvelles collègues qui ne se sentent pas obligées de faire comme si elles aimaient leur boîte, y'a au moins de la lucidité et de la colère, une énergie plus belle que l'acceptation commune.


Surtout avec la fantastique Shéhérazade ! Rarement lu une telle avalanche de punchlines au m² ! Léon Bloy version tèce et grosse cramée de la vie sur-lyrique ! Style monstrueux, clairvoyance radicale, irrévérence absolue, ... Dieu qu'elle en mérite des compliments !


Et je valide grave son double hommage à Costes et à Salope.com en une tirade : "Et j'baise tous les petits céfrans d'souche que, dehors..., jamais y z’ouvrent la bouche, les miskines ! Quand y s'font péta leur phonetel, check ça ! Tu les descends dans la cave : vas-y, le boloss !, j'te l’aboule si tu pépons mes potos... Et c’est gavé dar comment y césu toutes les cailles à la chaîne pour pas chouiner sur leur putain d'portable ! Mais dès qu’y rentrent chez eux, t’inquiète !... Y s’excitent seuls toute derrière internet comme s’y z’étaient des bêtes de scleums qui mettent leur race aux lascars !..."


Et tout ce qui touche aux muslims relous en banlieues aussi, ce qu'elle leur met dans la gueule ... !!! C’est une tuerie (oups ...) !!!, et bonjour la leçon aux chiens de Charlie Hebdo ! (Et oui, on peut se foutre de la gueule des musulmans en étant aussi hardcore que Vuillemin sans le moindre soupçon d'islamophobie douteuse allant dans le sens de la pensée dominante et du pouvoir. CQFD. Vous avez bien fait de crever !), et à Houellebecq (quel minable), et tant et tant d'autres !!!


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Pour la partie roman d'amour, leur rencontre est magnifique, tout particulièrement le premier vrai baiser qui m'a sacrément ému et en même temps pas mal troublé, presque perturbé : j'ai été tout à la fois à fond dans leur histoire, avec un grand sourire naïf et conquis quand Lawrence s'habille "à l'arrache" avant le rencard, quand elle attend en bas de son immeuble bouleversée après leur première brève et douce étreinte ..., mais en même temps, tout en étant heureux pour eux et émerveillé, quelque chose m'a crié très fort dans le ventre "t'as jamais rien vécu d'aussi puissant qui mérite autant de s'appeler Amour".


Du coup, en lisant la suite, j'avais une boule dans le ventre vraiment étrange, à la fois touché comme en voyant un baiser émouvant dans un téléfilm particulier quand j'étais tout jeune (je me rappel encore de la sensation il devait être pas mal^^) et en même temps une sensation d'exclusion, comme si ça situait précisément, objectivement, mes meilleurs moments et qu'ils étaient beaucoup trop loin de ce qu'ils vivaient eux.


Ce qui est radical dans une relation aussi classe incarnée, c'est que face à elle toutes les impostures autour de l'amour explosent. Ça reste quand même une valeur hyper forte qui cristallise beaucoup d'espoir de sublimation, et pourtant des ersatz d'amour dans lesquels se complaisent la plupart, j'en vois beaucoup trop depuis toujours (quand je vois un couple dans la rue, je change de trottoir), donc ça fait aussi beaucoup de bien qu'une identification valorisante ne soit pas automatiquement possible ici : le nombre de production qui jouent sur ça et qui n'ont aucun intérêt, mais où les gens peuvent dire "ça parle de moi", en les laissant au raz des pâquerettes... Tiens ! J'ai lu Homo Erectus de Benaquista, c'est quand même pas le pire de tes collègues ! Y'a une histoire d'amour entre un philosophe "officiel" et une mannequin : quelle saloperie dégoûtante, narcissique, complaisante, racoleuse ... ! Je l'imaginais pas pouvoir tombé aussi bas ! Et ce qu'il a écrit en ayant un personnage de client à pute "merveilleux" quand tout les autres sont minables, qui SAUVE plusieurs prostituées, et dont une (ou deux ? Il y a une chance pour les mauvais souvenirs ...) tombe amoureuse de lui tellement il est DIFFÉRENT !!! ... ça doit être un sommet de tout ce qu'il faut pas faire sur le sujet ... tout ça pour dire qu'on t'attend au tournant sur le prochain tome pour être autant au dessus du lot sur la prostitution que sur l'amour!!! Beaucoup ont essayé ... bien peu ne se sont pas salement avachi ...


Au passage, par antithèse à l'avachissement : je m'attendais à ce que ça colle cash entre eux, et ça a été une très bonne surprise la dispute/scène d'explication qui accompagne le coup de foudre. L'ensemble dégage à la fois un truc bien glamour, style Gainsbourg-Birkin, et en même temps y'a une profondeur et une intensité dans ce qui est mis en jeu, dans l'attention à l'autre, que l'idée de couple redevient un mot qui a du sens et même de la classe.


Et ça m'a beaucoup parlé que ce soit Alice, pourtant si jeune, qui arrive à poser les choses frontalement, grâce à la lucidité et au courage qu'elle a su développer au fil des chapitres précédents, ça fait sacrément plaisir pour elle. C'est pas juste la beauté bonne qu'à être subjuguée, toute passive, par le prince ... Loin de là !


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Je finis par une remarque générale: j'ai pas lu beaucoup de romans d'amour, mais quand même un peu, et j'ai vu beaucoup de films, et j'ai souvenir que passé la rencontre, ça déchante souvent (le beau Mon roi récemment par exemple qui m'avait bien marqué ...), ou alors y'a des ellipses faciles (quand on le faisait, c'était apocalyptique : bé vazy raconte !), alors sans prétention à l'exhaustivité, j'ai quand même l'impression que rentrer dans l'intimité d'une relation au jour le jour pour être à ce point irradié de classe, d'amour, de folie et de tendresse tout le temps, en ayant ce côté haut perchage dans les étoiles qui reste dans le « quotidien » (dire ça, quand même rester à la maison c'est rester dans un château, c'est abusé ...), c'est pas dit qu'il y ait beaucoup d'artistes à nous avoir offert ça avant toi.


D'ailleurs on peut dire qu'ils sont beaucoup aidés par les lieux qu'ils visitent, mais enfin les même musées visités par des cultureux, c'est affreux, même quand c'est Anna Karénine et son mec qui n'ont pas vraiment un rapport à l'art plus sincère que les gens de leur milieu, et un musée pour passer le temps, sans aucune passion, par "disctinction", quelle horreur ! Eux ils font des kilomètres pour voir un musée précis, ou une œuvre précise dans tel musée à perpèt, prendre une vrai claque, et en plus ... ils baisent dedans devant tout le monde avant de repartir vers de nouvelles aventures ... Juste trop la classe !


C'est assez original aussi je trouve le rapport qu'ils ont à la richesse, on peut penser à pas mal d'histoires où c'est soit superficiel au possible, soit glauque et pernicieux, mais là ils prennent tellement de plaisir mi-enfantin mi-dandy exigeant à profiter de tout ce qu'ils peuvent s'offrir, que la thune est saine en un sens : je veux dire, ça fait pas vriller la tête à la Scarface, ou comme dans n'importe quel récit, genre au 19ème, où le luxe a tendance à ramollir ou à pervertir un ambitieux, c'est "juste" une liberté immense, avec ce que l'idée peut impliquer de vitalité, d'entrain, d'infinie, et qui pour le coup fait décoller dans le bon sens. On sent que c'est la même curiosité béante qui lui faisait dévorer des livres de poches cheaps achetés d'occaz par paquets qui la fait plonger de bon cœur dans les grands vins ... C'est pas mal frustrant de se dire qu'on ne goûtera jamais certains breuvages qu'ils s'offrent, mais ça m'a donné aussi pas mal d'envie de profiter à fond de tout ce qu'ils font d'accessibles (beaucoup de jeunes dépensent chaque été en bières et en entrées de festivals de quoi s'offrir l'entrée de Lascaux et de la maison musée de Lurçat ...)


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Bref bref bref : Mille bravos, ça m'a mis des étoiles partout dans les yeux !!! Hâte du prochain tome : Il m'en faut, il m'en faut ... !!!

V_69
10
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Créée

le 17 mai 2021

Critique lue 363 fois

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