Du communisme au capitalisme par Physiographe
« La situation limite, dans laquelle le fascisme se découvre à nous, est la torture.
La torture apparaît comme un moyen utilisé en vue d’une certaine fin – le moyen employé est la souffrance. Seulement dans la torture, plus vite qu’en aucune autre affaire humaine, le moyen devient la fin. Dans la torture, ce n’est plus la possibilité de remonter une filière qui devient important, mais la torture elle-même. Lors même qu’elle ne sert que de moyen, c’est le caractère fascinant de celui-ci, c’est sa signification métaphysique de reconduire au lieu où l’individu est lui-même et ainsi de pouvoir le frapper au cœur qui l’on fait choisir. Au cœur de l’individu il y a la vie, la subjectivité pure où la vie touche à soi, où l’individu est submergé par son être propre.
Cette façon de subir c’est une façon de souffrir, la souffrance n’est que l’actualisation de ce souffrir qui constitue l’essence de la vie. Si la torture s’adresse à la souffrance, si son moyen est en réalité une fin, c’est parce qu’elle conduit la vie à son lieu propre, où l’épreuve qu’elle fait de soi revêt une forme paroxystique, une intensité en effet insupportable. Le fascisme comme toute expérience fondamentale, comme l’éros, reconduit la vie à l’essence de son vivre.
Il se peut bien que dans la torture, à l’instant du crime, du sanglot, bourreau et victime se donnent l’un à l’autre de soulever le voile qui recouvre le mystère le plus profond de l’être. »
Créée
le 29 déc. 2016
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