Du visage au cinéma par Cinemaniaque
Bien qu'il perde parfois le lecteur dans quelques digressions certes utiles sur le fond mais pas nécessairement sur la forme, Jacques Aumont signe une relecture de l'histoire du cinéma en se basant sur le peut-être seul vrai trait commun entre tous les films : le visage. Du primitif au contemporain, du classique au moderne, Aumont pense et repense la visagéité et, plus précisément sur la fin, la dé-visagéité de l'Homme au service de l'art cinématographique. L'essai est riche, relativement simple et accessible, et fait majoritairement appel à des oeuvres connues ou du moins reconnues, avec peut-être une tendance franco-européenne un peu trop prononcée (il parle relativement peu du cinéma asiatique par exemple, si ce n'est par-ci par-là d'Oshima). Aumont remet surtout en question certains principes, qu'ils soient d'André Bazin, de Bela Balazs, de la Nouvelle Vague ou d'autres théoriciens du cinéma ; c'est en prenant son propre chemin à travers une théorisation parfois audacieuse, souvent pertinente, qu'Aumont démontre qu'il est l'un des théoriciens les plus intéressants de ces dernières années.