Comme beaucoup, j'ai décidé de relire Dune grâce à la sortie du film de Denis Villeneuve. Je l'avait déjà lu plusieurs fois en étant adolescent et probablement une fois encore au début de ma vingtaine, mais jamais dans sa langue originale !
Alors les trente ans passés, une maitrise de l'anglais plus avancée, et le film vu trois à quatre fois, je me suis replongé dans les plus de 500 pages que le livre compte.
Je me suis rendu compte alors que mes souvenirs des mots d'Herbert étaient très lacunaires, même sans penser à la différence de langue.
Le livre est éminemment riche et complexe, et l'avoir relu me démontre plus encore à quel point Villeneuve en a fait l'adaptation la plus fidèle. En effet, Herbert fait souvent des ellipses sur les scènes d'action, pour privilégier les pensées des personnages et les intrigues. Des moments comme l'attaque d'Arrakeen par les Harkonnens et même le duel final ne durent que le temps d'un clignement de paupières !
Adolescent, mon attention s'était évidemment focalisée sur Paul et Chani, et leurs relations avec les adultes et le monde autour d'eux... mais maintenant que je fais partie de "l'autre camp", j'ai pu beaucoup plus profiter des pensées et questionnements des adultes (même si je ne suis certes pas parent).
Évidemment, il y a aussi tout l'aspect écologique de cette fresque, qui est encore plus importante aujourd'hui. Un rêve de paradis seulement bloqué par l'exploitation de l'épice. Déjà à l'époque, il était facile de faire les parallèles avec la "Vieille Terre" comme elle est appelée dans le roman, et ça l'est plus encore aujourd'hui.
J'ai aussi eu cette réalisation étrange vis à vis des Fremens que je n'avais pas eue lors de mes premières lectures : ils sont constamment présentés comme ces tribus primitives qui vivent dans le désert (probablement parce qu'on ne voit leur mode de vie qu'à travers les yeux d'étrangers d'Arrakis), et parallèlement, ils ont une technologie très avancée pour pouvoir survivre sur leur planète. La fabrique des marteleurs sous-entend la maitrise du métal (et son extraction) et de la mécanique, la fabrique des distilles demande une haute maitrise de la couture, de l'anatomie, mais soulève aussi la question de l'obtention du textile et autres matières premières. Il y a si peu de plantes et de (grands) animaux sur la planète qu'on peut chercher à savoir comment, ou bien depuis quand (arrivée des contrebandiers ?) les Fremens sont capables de concevoir tout cela.
Pour finir, la raison pour laquelle Dune n'aura malheureusement pas 10 étoiles : la grossophobie et l'homophobie (en plus très reliée à la pédocriminalité dans sa vision des choses) de Frank Herbert, qui gâchent le confort de lecture quand le baron Harkonnen est présent.
Le sexisme est moins présent que dans "Prélude à Dune", probablement parce que Beverly Herbert a un peu participé, ne serait-ce qu'à la relecture...
En bref, j'ai complètement redécouvert cette œuvre, après tant d'années sans l'avoir lue. L'anglais n'est pas toujours simple, même si je ne suis pas mauvais dans cette langue, mais se conjugue bien avec l'ensemble complexe du livre.
J'ai hâte d'enchainer avec les livres suivants, et peut-être que cette fois j'arriverai à finir le tome 6 !