Fiche technique

Auteur :

Madeleine Borgomano
Date de publication (France) : 1985Langue d'origine : Français

Résumé : Madeleine Borgomano pointe l'essentiel, quand elle note que l'écriture, chez Duras, est effort pour atteindre au silence - comme si le silence avait seul pouvoir de manifester l'indicible/invisible dont l'auteur est la proie. Car l'écrivain Duras ne sait pas ce qu'il cherche dans le silence, sauf que le silence est la trame de son récit. Non pas le non-dit, le non-su. D'où vient l'économie elliptique du style, le lexique aussi dépouillé peut-être que chez Racine, et l'effacement du "Je" au bénéfice de la troisième personne, ou de l'impersonnel. Elle dit, C'est fait, Voilà, qui laissent béer l'écriture, afin que l'inédit survienne. Or de la béance rien ne surgit, mais le voyeur est aspiré. Le trou se gave du lecteur. Le texte anorexique est ainsi vampire. De là sans doute la fascination qu'exerce l'oeuvre et la fidélité que lui voue le public. Duras est aujourd'hui le seul écrivain dont l'audience ne cesse de croître et qui pourtant n'a jamais rien concédé à la mode ni à ces facilités. D'un roman à l'autre, les mêmes personnages reviennent, la mendiante folle, le Vice-Consul, Anne-Marie Stretter, etc., tissent l'univers anti-balzacien d'une anti-comédie humaine désolée, et répétant le bref moment de ravissement sans retour, qui précède le basculement dans l'enfer. D'abord, l'éclair foudroie. Ensuite, il réduit en cendres. Chez Duras, nous restons toujours dans le premier temps de l'illumination foudroyante. Mais la preuve par la mort n'est jamais donnée.