En ouvrant El buscon, je m'attendais à retrouver les grands traits du roman picaresque traditionnel espagnol. Et je les ai trouvés: enchaînement d'aventures,caricatures de la société, caractère pauvre voire misérable du personnage central...
Mais le livre de Quevedo réserve malgré tout de grandes spécifités dont une m'a particulièrement marquée: son ironie est dénuée de tendresse.
Si en commençant le lecture des aventures de don Pablos, j'ai apprecié les descriptions satyriques de chaque catégorie de personnes rencontrées et la critique mordante des moeurs de chacun (bourgeoisie rapace, intellectuels de pacotille,clergé dévoyé, pauvres hères qui tueraient père et mère pour s'embourgeoiser), l'évident manque de tendresse ou de pitié de l'auteur a fini par me mettre mal à l'aise. La caricature se change en charge de cavalerie burlesque et désabusée contre l'Homme en général et la société espagnole en particulier.
Si vous cherchez un livre léger et drôle qui vous fera oublier la tristesse automnale,ne lisez qu'un chapitre, les descriptions caricaturales frisant le scatologique vous raviront. Si vous cherchez à vous conforter dans un pessimisme vaguement écoeuré, foncez.
Dans tous les cas, une belle plume et un livre qui vaut le détour.