Comme tant de romans de l'ère victorienne, She pourra laisser perplexe le lecteur moderne, avec ses relents de misogynie et de racisme normaux pour l'époque : l'intrigue tourne autour d'une sorcière blanche toute-puissante, dont le pouvoir repose principalement sur sa beauté inhumaine, qui domine une tribu de Noirs arriérés, fourbes et anthropophages. Ça laisse un arrière-goût un peu désagréable.
Mais tant qu'on est plongé dedans, il est difficile de ne pas se laisser transporter par l'écriture de H. Rider Haggard. Le roman abonde en images frappantes (ce n'est pas un hasard s'il a tant été adapté au cinéma ou à la télévision), avec l'énigme du tesson d'Amenartas (reproduit en pseudo-fac-similé au début du livre, idée brillante s'il en est, pour que le lecteur se sente un peu archéologue / paléographe lui aussi), les putrides marécages d'Afrique qui entourent la gigantesque montagne-tombeau de Kôr, ou bien entendu Ayesha, un personnage qu'il est difficile de ne pas trouver aussi fascinant que les héros du livre. La scène du pilier de flammes va vous dresser les poils sur la nuque, je vous le garantis.