Fiche technique

Auteur :

Roger Vailland
Genres : Essai, Politique & économieDate de publication (pays d'origine) : Parution France : 15 mars 2012

Éditeur :

Le Temps Des Cerises
ISBN : 9782841099184, 9782841092161, 9782841099184

Résumé : Certains hommes ont la vocation de la politique, comme d'autres ont celle de la peinture, du théâtre ou de l'invention mathématique. Ce sont des hommes à passion, à passion unique. Le politique, lui, sa passion, c'est de faire l'histoire de son temps; quand il réussit, il fonde des États ou fait des révolutions. Les vraies vocations et les passions absolues sont rares et qu'elles réussissent l'est encore davantage. Chaque siècle ne produit que (ou n'est produit que par) quelques vrais peintres et quelques grands politiques. Comme tout le monde, bien sûr, je m'intéresse à ces gens-là - et dans la période présente, peut-être davantage au peintre qu'au politique. Je ne me cache pas d'admirer les grands hommes : Plutarque fut une de mes premières lectures et je ne renie pas son enseignement. Mais ce qui me paraîtrait aujourd'hui plus intéressant, ce serait de comprendre pourquoi, comment, de quelle manière, à quel moment, des hommes qui n'ont pas la vocation politique - la très grande majorité des hommes -, des hommes qui ont peur de la politique parce qu'ils savent, par leurs manuels d'histoire et la lecture des journaux, qu'il est bien plus dangereux de faire de la politique que de descendre dans l'arène aux taureaux ou de courir en automobile, parce qu'ils pensent aux procès, aux guillotines, aux camps, aux meurtres, etc. (et à l'amertume des vaincus abandonnés de tous), pourquoi des hommes qui se laissent aller au courant de la vie quotidienne parce que c'est le plus facile, parce que l'achat d'une voiture, d'un disque, le sourire d'une fille fait oublier qu'il sera bien triste de mourir à la fin d'une vie pendant laquelle il ne se sera rien passé, pourquoi et dans quelles circonstances ces hommes-là, ces hommes de tous les jours et de tous les temps se mettent tout d'un coup - et quelquefois tous ensemble - à se conduire en politiques. Alors, et pour un temps, les «grands hommes» (comme dans Plutarque) foisonnent. (Ensuite, ils s'endorment ou s'éliminent les uns les autres, mais c'est une autre histoire.)