Si j'avais trouvé l'Illiade chiant et l'Odyssée sympa sans plus j'ai adoré l'Enéide.
L'Enéide est, à la base, une ôde à l'empereur romain en place. Le livre cherchant à justifier l'origine divine et épique de Rome. Cela parait totalement articiel, certes. Mais je trouve que Virgile propose une vision non manichéenne des choses.
Par exemple le personnage d'Enée. Il ne brille pas particulièrement par son charisme et se comporte parfois comme un gros connard. Il délaisse Didon pour poursuivre sa quête romaine. Didon qui le vit tellement mal qu'elle se tue. Merci Enée. Le héros de Virgile finit même par apparaître en envahisseur quand il emmène les Troyens sur les côtes italiennes. Pourquoi est il là? Parce que les dieux le lui auraient demandé? Ce n'est pas l'avis de Turnus. Turnus qui est pour moi le vrai héros du livre. C'est le héros du Latium. Il veut juste défendre sa patrie et sa famille. Pour lui Enée est un salopard de colon, un fou de Dieu. A t-il tort? Virgile propose les visions des deux parties. Et, autant celle d'Enée se base sur l'irrationnel (il poursuit la tradition homérique du mortel soumis à la volonté des dieux), autant celle de Turnus est bien plus crédible. A la fin du livre on a de la peine pour Didon et pour Turnus. Mais en a t-on pour Enée? D'ailleurs les dernières lignes figent le héros virgilien dans le rôle du meurtrier de Turnus.
L'Eneide est rythmée et la dernière partie en Italie est hyper prenante. Si l'intention première est de louer la gloire d'Auguste et de l'Empire Romain c'est aussi l'histoire d'un simple homme qui veut sauver son peuple au détriment d'un autre. Un fuyard malgré lui qui se transforme en conquérant et dont l'héroïsme est contestable.
A lire après avoir pris connaissance de l'histoire des livres d'Homère (sinon il vous manquera pas mal d'infos).