En parlant d'indignation...

Malgré ma déception après ma lecture tardive d'Indignez-vous (dont le battage avait fini par me faire sortir les yeux de mes listes de lecture chéries), j'avais décidé de tout de même acheter Engagez-vous en espérant de toutes mes forces que le second opus comblerait les lacunes du premier.

Le problème c'est que, comme pour Indignez-vous, l'auteur n'a pas tranché entre une approche généraliste et une approche intimiste pour son propos. Or, si le titre du livre laisse à penser que celui-ci est largement dirigé vers la prescription, son format, une série d'entretiens, laisse plutôt présager d'un ton biographique.

Mais en fait non. Tout au long du livre, cette ambiguïté persiste. Ainsi, on n'y parle pas de l'engagement en général mais de celui d'Hessel dans le domaine de l'écologie. Pour autant, celui-ci n'entre pas non plus dans le détail, il se borne à fournir quelques anecdotes et n'aborde pratiquement pas ses motivations personnelles.

Choisir l'une des deux démarches aurait eu un intérêt pour le lecteur : donner des clés sur la notion d'engagement ou expliquer le choix d'un témoin d'événements marquants du siècle passé. Ma conclusion est qu'en refusant de choisir entre le rôle prescripteur et celui de témoin, Hessel évite de tomber dans le péché d'orgueil mais retire tout réel intérêt à son livre.

En plus de ce reproche, d'autres s'ajoutent : le bouquin est particulièrement court au point que quelqu'un s'est senti obligé de gonfler cela avec des annexes et des pages blanches sans utilité (prendre des notes ?!). Qui plus est, tant qu'à faire de militer, je ne suis pas d'accord avec le fait de mettre l'écologie en avant : d'autres thèmes me semblent plus importants que celui-là [édit du frangin : en plus placer l'écologie que le même plan que la résistance, c'est douteux].

Au final, les deux ouvrages portent les mêmes lacunes. J'ai donc le sentiment de m'être doublement fait enfler d'abord en cédant en lisant le truc dont tout le monde parle (ce que je fuis habituellement), ensuite en dépensant 5 euros [édit du frangin : moi je l'ai payé 6 euros 40] au lieu de 3 (en fait j'avais emprunté le premier donc ça va).

Au moins, vu son succès, ce livre aura eu le mérite de mettre son auteur à l'abri des problèmes de baisse du pouvoir d'achat des retraités... ça c'est fait !