« ENSEMBLE, ON ABOIE EN SILENCE » - Critique par Jim Chleg

Il y a des livres que nous lisons car l’auteur nous fascine, d’autres parce que le genre nous passionne et certains pour leur thème, qui ravive en nous les souvenirs les plus tumultueux de notre existence, ceux qui hurlent la douleur aux quatre coins de notre esprit.
« Ensemble, on aboie en silence », le livre coopératif du rappeur Guillaume Tranchant, dit Gringe, avec son frère Thibaut, nous raconte la vie et la vision de ces deux Chevaliers de lumière s’armant comme ils le peuvent pour combattre l’ennemi implacable et invisible du cadet : la maladie, la schizophrénie.
Pour le lecteur lambda, il s’agira là d’une micro-biographie somme toute intéressante que l’on parcourt en à peine quelques heures. Pour les fans de l’artiste, se sera un prolongement de ces quelques mots lancés çà et là dans ses musiques, une manière d’en connaître plus sur leur idole et sa famille. Pour le reste, ceux qui ont acheté ce livre car il fait partie de la troisième catégorie citée plus avant, se sera une mise en abîme, une plongée incroyable dans le récit de deux âmes vivants la schizophrénie à travers deux regards différents : Celui qui subit et celui qui observe, tous deux impuissants. invisible du cadet : la maladie, la schizophrénie.

Chacun s’immergera à sa façon dans les plumes des deux frères, reconnaissant en l’un ou l’autre une partie de son vécu, de sa souffrance. Au fil des lignes nous les voyons tracer les lettres de cette chevauchée fantastique, arpentant les embûches que la maladie pose sur les chemins de la vie. Des ténèbres de la chambre aux séjours en psychiatrie, en passant par les instants de grâce des récits de leurs voyages, les deux frères nous racontent sans langue de bois leurs périples.
La maladie du plus jeune n’est pas la seule évoquée. La dépression et les tendances autodestructrices de l’ainé se joignent aussi à ce voyage littéraire dans lequel les sentiments fraternels sont exposés au grand jour. À la tendresse et la colère se mêlent joyeusement remords, regrets, incompréhensions et admirations, le tout saupoudré parfois avec une certaine pudeur parfois avec grand bruit.
« Ensemble, on aboie en silence » est de ses livres qui, à mon sens, sera surtout compris et aimé par celles et ceux qui n’auront pas besoin de s’immerger dans l’histoire, celle-ci faisant partie de la leur et faisant écho à leur vie.